Des eurodéputés polonais comparent la police française à celle des «pays totalitaires»

Des eurodéputés polonais comparent la police française à celle des «pays totalitaires»© Bertrand GUAY / AFP
Un manifestant français fait face à un policier (image d'illustration).
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La réponse du berger à la bergère ? Tandis que Paris et Bruxelles s'inquiétaient des conditions de l'Etat de droit en Pologne, des eurodéputés polonais du PiS appellent Emmanuel Macron à agir contre la répression des manifestations en France.

Les relations entre la France et la Pologne ne sont décidément pas au beau fixe. Au vu des passes d'armes plus ou moins directes, les gouvernements des deux pays de l'Union européenne ne semblent pas être sur la même longueur d'onde, malgré de timides tentatives de rapprochement. Dernier épisode en date : l'avis au vitriol d'eurodéputés du parti au pouvoir en Pologne, le PiS (Droit et Justice), concernant la gestion du maintien de l'ordre en France.

Ainsi, comme le rapporte Mediapart ce 7 février, plusieurs eurodéputés polonais ont dénoncé «la violence des autorités de la République française contre les citoyens». A l'origine de l'initiative, l'eurodéputé polonais Jacek Saryusz-Wolski avait conduit la liste de la coalition PiS-Alliance-Pologne solidaire aux européennes de mai 2019. Le 5 février, il a envoyé un courriel à tous les parlementaires pour leur demander de signer l'appel que «les anciens opposants au régime communiste» – comprendre son groupe – ont adressé au président français.

Dans cet appel, on peut lire ces lignes qui font directement allusion à la répression policière lors des manifestations de Gilets jaunes, sans les nommer explicitement : «Battre des personnes sans défense, leur tirer dessus, utiliser une brutalité injustifiée contre des protestataires qui exercent leurs droits civils à la liberté de rassemblement et d’opposition aux politiques des autorités, viole les droits de [l’humain] fondamentaux et les principes démocratiques.» Le texte adressé au président français condamne un «abus de pouvoir» et une «perte de toute mesure». «Ce n’est pas différent du comportement de la police dans les pays totalitaires», n'hésitent pas à affirmer les signataires qui en appellent à l'Histoire : «Nous n'oublierons jamais la solidarité de la société française envers les Hongrois en 1956, les Tchèques et les Slovaques en 1968 ou les Polonais après l'imposition de la loi martiale en Pologne en 1981. A cette époque, la France était pour nous un modèle de démocratie. Aujourd'hui, c'est nous qui lançons un appel aux autorités de la République française.»

Des eurodéputés piqués au vif ?

Cette missive survient dans un contexte de tensions entre Paris et Varsovie. Emmanuel Macron, lors d'un déplacement en Pologne les 4 et 5 février, avait profité de son discours devant les étudiants de l’Université Jagellone pour critiquer les politiques du parti majoritaire polonais. Le président français s'était élevé contre «une résurgence nationaliste en négation des principes politiques européens». Ses propos faisaient écho à une résolution adoptée mi-janvier par le Parlement européen, visant à mettre en garde contre la «dégradation de l’Etat de droit en Pologne».

Toujours selon Mediapart, Stéphane Séjourné, le chef de la délégation française Renaissance à Strasbourg, a dès le lendemain du mail accusateur répondu aux eurodéputés polonais. Dans un message sans concession adressé à Jacek Saryusz-Wolsk, il écrit : «Y a-t-il en France un effort organisé des autorités visant à porter atteinte à l’intégrité physique des citoyens ? Est-il impossible en France pour un citoyen d’obtenir réparation pour un usage disproportionné de la force par les autorités ? La France est-elle gouvernée par des individus non élus ? Le droit de grève, de manifester, de débattre est-il bafoué dans la rue et dans les médias, y compris publics ? Non, bien sûr que non.»

Une rhétorique qui n'est pas sans rappeler celle d’Emmanuel Macron. Dans un entretien accordé aux journalistes, fin janvier, il avait répondu aux attaques consistant à affirmer que la France était devenue une dictature. «Mais allez en dictature ! Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir», avait-il notamment déclaré au micro de Radio J à son retour d'Israël.

Lire aussi : «Fonctionnement de la démocratie» : la Cour de cassation épingle Macron sur l'affaire Halimi

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