Révisionnisme historique : Emmanuel Macron solidaire de la Pologne contre «la démarche russe»

Révisionnisme historique : Emmanuel Macron solidaire de la Pologne contre «la démarche russe»© LUDOVIC MARIN / AFP Source: AFP
Emmanuel Macron à Cracovie (Pologne), le 4 février 2020.
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Le président français a apporté son soutien à la Pologne quant aux divergences qui opposent ce pays avec la Russie sur leur lecture de la Seconde Guerre mondiale. Poutine s'était auparavant offusqué contre «ceux qui tent[ai]ent de fausser la vérité».

Si Emmanuel Macron a martelé sa volonté de dialogue avec la Russie lors de son déplacement à Varsovie (Pologne), il a également pris ses distances avec Moscou sur la question du révisionnisme historique. Dans un discours à l’université Jagellone de Cracovie, le 4 février, le chef d'Etat a exprimé «la solidarité de la France avec le peuple polonais face à ceux qui veulent nier la réalité» et contre «toute tentative de falsification» de l’Histoire. «Je vois la démarche russe de réinterpréter la Seconde Guerre mondiale, de culpabiliser le peuple polonais. C’est un projet éminemment politique», a-t-il affirmé.

Emmanuel Macron vise ici les récentes prises de position du Kremlin sur la Seconde Guerre mondiale, opposé aux tentatives de Varsovie de nier le rôle des Polonais dans le déclenchement de la guerre et dans la Shoah. Mais aussi les initiatives de mettre sur le même plan le nazisme et le communisme qui provoquent l'ire de Moscou, se revendiquant comme un pays qui a libéré l’Europe du nazisme. 

Si Emmanuel Macron a évoqué la version du Kremlin, il n'a en revanche pas dit un mot sur les mensonges des médias publics polonais, très proches du gouvernement. «Il y a aujourd’hui beaucoup de fake news en Pologne sur l’Union européenne, surtout à la télévision, c’est de plus en plus dur de s’informer», a notamment affirmé Julia, une étudiante polonaise citée par le quotidien régional Ouest-France, devant le président français à Cracovie.

Poutine s'offusque contre «ceux qui tentent de réécrire l’Histoire»

Le 23 janvier, Vladimir Poutine avait tenu à dénoncer les «complices» du régime nazi dans plusieurs pays européens : «Les crimes commis par les nazis, leur solution délibérée, planifiée et, comme ils l’ont dit, "la solution finale à la question juive", est l’une des pages les plus sombres et les plus honteuses de l’histoire du monde moderne. Mais il ne faut pas oublier que ce crime avait aussi des complices. Ils étaient souvent plus cruels que leurs maîtres. Les usines de mort et les camps de concentration étaient [dirigés] non seulement par les nazis, mais aussi par leurs complices dans de nombreux pays européens.»

Lors d'une conférence de presse à Saint-Pétersbourg le 18 janvier, Vladimir Poutine avait promis de faire «taire ceux qui tentent de réécrire l’Histoire, de la présenter sous un faux jour et de réduire le rôle de nos pères et nos grands-pères, de nos héros, qui ont perdu la vie en défendant leur patrie et presque le monde entier contre la peste brune». Des propos similaires à ceux tenus devant la presse russe, en décembre 2019. «Les tentatives de fausser la vérité historique se poursuivent. Non seulement les héritiers des complices des nazis le font, mais à présent certaines institutions internationales et structures européennes assez respectables les ont rejoint», avait déclaré le président russe.

La Pologne et la Russie opposées depuis une décennie

Depuis une dizaine d'année, la Pologne et la Russie s'opposent quant à leur lecture de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Chaque commémoration est ainsi l'occasion de nouveaux désaccords entre les deux nations. Dernier épisode en date : le président polonais Andrzej Duda a refusé de se rendre au Forum sur la Shoah organisé au mémorial Yad Vashem de Jérusalem, fin janvier, car il était absent du programme des prises de parole. Il s'est insurgé contre le fait de ne pas pouvoir répliquer à une éventuelle attaque du président russe et a, en conséquence, boudé la cérémonie. 

Lors de ce rassemblement, Vladimir Poutine n'a pourtant prononcé le mot «Pologne» qu'une seule fois au cours de son allocution principale, pour rappeler que les «peuples slaves» avaient été eux aussi «visés par les nazis» dans leur quête d'un espace vital à l'Est.

«Une reconstitution historique concernant la Pologne»

Interrogée sur RT France au sujet du 75e anniversaire des accords de Yalta, Annie Lacroix-Riz, professeur d'histoire contemporaine à l’université Paris VII, a tenu à apporter quelques précisions historiques sur la place de la Pologne et celle de la Russie. Selon elle, «il est très courant chez nous de noircir les intentions soviétiques à Yalta, on assiste ces dernières années à une reconstitution historique concernant la Pologne, absolument stupéfiante».

Elle affirme que «l’alliée polonaise de la France a été une alliée extrêmement peu sûre, le chef de la Pologne Pilsudski jusqu’à sa mort en 1935 a été d’abord très hésitant vis-à-vis de l’alliance française, il était pour les empires centraux jusqu’en juillet 1918 [...] le cœur des archives montre que la Pologne a une responsabilité écrasante dans l’écrasement, l’abandon de la Tchécoslovaquie dont les principaux responsables sont la France et l’Angleterre», ajoute l'historienne pour qui comparer le nazisme et le régime soviétique est une hérésie. «Alors je sais qu’il est très à la mode aujourd’hui de dire que les nazis et les soviétiques c’est la même chose, mais enfin, si on regarde les choses, c’est-à-dire le sort de la Pologne, de 1939 à 1945, et ce qui est advenu de la Pologne ensuite, je crois qu’on ne saurait tomber dans ces élans».

Lire aussi : Emmanuel Macron ne voit pas la Russie comme un «ennemi», mais veut un dialogue «exigeant» avec elle

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