Overdose de migrants ? Un ministre grec alerte sur la «fatigue migratoire» de sa population
La population grecque est de plus en plus lassée par l'arrivée de migrants sur son territoire : c'est l'aveu du ministre grec de la Protection des citoyens lors d'une visite à Paris. Selon lui, ses compatriotes «ferment leurs portes et leur cœur».
Après avoir été le premier pays d'accueil européen, la Grèce approcherait-elle de l'overdose migratoire ? C'est ce qu'a affirmé le ministre grec en charge de l'immigration au cours d'une visite à Paris ce 16 janvier.
Lors d'un forum sur les migrations organisé par l'OCDE, Georges Koumoutsakos, ministre adjoint de la Protection des citoyens, a plaidé pour une «politique migratoire efficace», prenant en compte «les inquiétudes et les craintes des communautés locales».
850 000 migrants accueillis en 2015
Selon lui, «les mêmes personnes qui ont ouvert leur cœur et leur maison durant la crise de 2015, pour aider et accueillir les migrants et réfugiés, aujourd’hui, cinq ans après, [...] ferment leurs portes et leur cœur».
«Soyons réalistes», a-t-il poursuivi, «il y a une fatigue migratoire. Ce fait doit être pris en compte». Lors de la crise migratoire en mer Méditerranée, la Grèce a accueilli près de 850 000 personnes lors de la seule année 2015. En 2019, 62 000 migrants sont entrés dans ce pays de 10 millions d'habitants, berceau de la civilisation occidentale.
«Quand vous êtes situés aux frontières d'une région aussi sensible géopolitiquement que le Moyen-Orient, vous devez avoir une administration prête à affronter la crise», a souligné le dirigeant grec. Pour faire face à la crise migratoire, la Grèce vient d'ailleurs de créer récemment un ministère des Migrations, dirigé par Notis Mitarakis.
«On est prêts à assumer pleinement nos responsabilités, mais en même temps, on attend une solidarité réelle» de la part des autres pays européens, a encore plaidé Georges Koumoutsakos. La France a annoncé qu'elle accueillerait prochainement 400 migrants arrivés en Grèce pour soulager le pays de la pression migratoire. La Grèce doit actuellement faire face à une recrudescence des arrivées de clandestins dans cinq îles de la mer Egée : Lesbos, Chios, Samos, Kos et Leros. Selon les autorités locales citées par l'AFP, 40 000 personnes y vivraient dans des conditions insalubres.
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