Instagram supprime des messages et comptes de soutien au général iranien Soleimani
Des messages voire des comptes d'internautes ou de journalistes iraniens ont été supprimés sur Instagram. Motif : ils soutenaient le général Soleimani, exécuté par Washington. Une façon de se conformer aux sanctions américaines, selon Facebook.
Le réseau social Instagram, propriété de Facebook depuis avril 2012, supprime de nombreux messages exprimant un soutien au général iranien Qassem Soleimani, afin de ne pas subir les sanctions américaines, selon le communiqué d'un porte-parole de Facebook à CNN Business, le 10 janvier. Stephanie Otway, une porte-parole de Facebook explique au site d'information Coda : «Nous travaillons sous les lois de sanctions américaines, y compris celles liées à la désignation par le gouvernement américain des Gardiens de la révolution et de leur direction [comme une entité terroriste].»
Le général Qassem Soleimani, de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique, a été assassiné le 3 janvier par une frappe de drone américain sur l’aéroport de Bagdad. Des millions d'Iraniens lui ont rendu hommage dans la rue tandis que d'autres le faisaient sur les réseaux sociaux.
En conséquence, le gouvernement iranien a appelé à une action en justice à l’échelle nationale contre Instagram en signe de protestation. Allant même jusqu’à mettre en place un portail numérique sur un site internet gouvernemental, pour que les utilisateurs de l’application américaine soumettent des exemples de publications supprimées, selon plusieurs médias publics iraniens.
«Instagram a bloqué la voix d’une nation innocente»
Instagram est l’un des seuls réseaux sociaux occidentaux à ne pas être bloqué en Iran. En effet, Facebook et Twitter, par exemple, ne peuvent fonctionner, même si certains Iraniens y accèdent néanmoins à l’aide de VPN.
De nombreux internautes ont rapportés que leurs publications mentionnant Soleimani, qu’il s’agisse d’image ou de texte, avaient été supprimées. Certains journalistes auraient également fait l’objet de censure : au moins 15 journalistes ont signalé la suspension de leur compte Instagram, a rapporté la Fédération internationale du journalisme (FIJ), le 9 janvier. Dans ces cas, la FIJ précise que certains profils ont, entre temps, été restaurés, mais que les messages supprimés sur Soleimani l'ont été définitivement.
Certains comptes rendus de médias et agences de presse iraniens ont également été retirés du réseau social américain, toujours d'après la FIJ, qui estime : «[Cela] constitue une menace pour la liberté de l’information en Iran, Instagram étant la seule plateforme de média social internationale qui fonctionne couramment toujours dans le pays.»
Dans un tweet, le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabiei, a qualifié les actions d’Instagram de «non démocratiques et irréfléchies». Poursuivant : «Instagram a bloqué la voix d’une nation innocente protestant contre l’assassinat du général Soleimani.»
In an undemocratic and unashmed action,Instagram has blocked an innocence nations' voice protesting to the assesination ofGeneral #Soleimani,while the real terrorists have been given an open voice.The stick behind the democracy and media freedom is displayed in the nick of time
— Alirabiei (@Alirabiei_ir) January 6, 2020
De son côté, Instagram avait supprimé le compte de Qassem Soleimani en avril 2019, à la suite de la décision du gouvernement américain de placer le Corps des Gardiens de la révolution islamique sur leur liste d’organisations terroristes étrangères.
Selon le porte-parole de Facebook cité par CNN, en Iran, l’entreprise de Mark Zuckerberg supprimerait également de nombreux messages visant à soutenir ou saluer les publications des individus ciblés par la mesure d'Instagram. Cette même source ajoute que le réseau social dispose d’une procédure d’appel pour les utilisateurs qui estiment que leurs messages ou comptes ont été supprimés par erreur.