Taxe Gafa : Washington propose de sanctionner des produits français, Paris menace de riposte
Furieux que Paris refuse de retirer sa taxe sur le numérique, Washington menace d'imposer de nouveaux droits de douanes sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français, avant une rencontre entre Emmanuel Macron et Donald Trump.
Le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) a proposé ce 2 décembre d'imposer de nouveaux droits de douane sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français. Certains de ces produits pourraient être pénalisés jusqu'à 100%. La mesure a été présentée par Washington comme une réponse à la taxe sur les géants du net, les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon), mise en place par la France.
Ce n'est pas le comportement que l'on attend des Etats-Unis vis-à-vis de l'un de ses principaux alliés, la France, et d'une manière générale l'Europe
Des fromages tels que le Roquefort, ou encore des sacs à mains, vins et autres produits cosmétiques pourraient ainsi être surtaxés, selon l'annonce de l'USTR, qui doit cependant encore recevoir l'aval du président Donald Trump. Matt Schruers, directeur exécutif de la fédération de l'industrie de l'informatique et des communications (CCIA), a déjà salué «un signal clair» envoyé à la France.
Le Maire promet une «forte» riposte européenne
Réagissant à l'annonce ce 3 décembre, Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie, a promis une «forte» riposte européenne en cas de sanctions.
«Le simple projet, qui pourrait s'appliquer d'ici 30 jours, de nouvelles sanctions contre la France, c'est inacceptable», s'est-il insurgé sur Radio Classique. «Ce n'est pas le comportement que l'on attend des Etats-Unis vis-à-vis de l'un de ses principaux alliés, la France, et d'une manière générale l'Europe», a-t-il par ailleurs affirmé. La veille, le patron de Bercy avait prévenu que la France ne renoncerait «jamais» à sa taxe sur les Gafa tout en reprochant à Washington son refus de conclure un accord international régissant la fiscalité du secteur numérique.
En juillet dernier, l'USTR avait ouvert une enquête concluant que la mesure législative française visant les quatre multinationales américaines était «discriminatoire» envers Washington. Dans la foulée, Lawrence Kudlow, principal conseiller économique de la Maison Blanche, avait qualifié la décision française de «grosse erreur».
Nouvelle pomme de discorde entre Paris et Washington
Cette joute entre Paris et Washington intervient à la veille d'une rencontre bilatérale qui s'annonce électrique entre Emmanuel Macron et son homologue américain dans le cadre du sommet de l'OTAN, à Londres.
Lui-même critique envers l'OTAN, Donald Trump n'avait pourtant guère apprécié le jugement sévère du chef de l'Etat français à propos de l'Alliance atlantique dont il estimait qu'elle était en état de «mort cérébrale». Recevant Recep Tayyip Erdogan, le président américain avait ainsi déclaré : «Je pense que le président [turc] n’a vraiment pas apprécié […] et je pense que beaucoup d’autres gens ont eu la même réaction.»
Emmanuel Macron avait notamment expliqué ce constat par le désengagement américain vis-à-vis de ses alliés de l'Alliance atlantique et du comportement de la Turquie, également membre de l'organisation militaire, en Syrie. Partant, il avait appelé à «clarifier maintenant quelles [étaient] ses finalités stratégiques».
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