Chili : les forces de l'ordre suspendent l'utilisation des balles en caoutchouc
Après que plus de 200 manifestants chiliens ont été touchés à un œil au cours des manifestations qui secouent le pays depuis le mois d'octobre 2019, la police a fait savoir qu'elle suspendait l'usage de la balle de défense tirée au fusil.
Le directeur général de la police chilienne, Mario Rozas, a déclaré le 19 novembre que l'utilisation des balles en caoutchouc serait désormais suspendue. Ces munitions sont à l'origine de lésions oculaires chez plus de 200 manifestants chiliens, qui pour certains en ont perdu la vue. «Par mesure de prudence, il a été ordonné de suspendre l'utilisation de ces munitions non létales comme outil anti-émeute», a ainsi annoncé le chef de la police chilienne. Et d'ajouter qu'elles ne pourraient désormais être utilisées que «comme mesure extrême et exclusivement en cas de légitime défense lorsqu'il existe un danger imminent de mort».
Cette mesure fait suite à une enquête interne, selon l'AFP, qui a révélé des «divergences» avec les informations fournies par la société qui vend ces munitions. La police affirme en effet que ces munitions sont en caoutchouc, alors que selon une étude de l'Université du Chili, elles sont constituées de 20% de caoutchouc et à 80% de silice, de sulfate de baryum et de plomb, ce qui les rend aussi dures «qu'une roue de skateboard».
Cette décision pourrait avoir un écho en France, où le lanceur de balles de défense (LBD 40) est toujours utilisé par les forces de l'ordre lors des manifestations des Gilets jaunes, malgré les différentes polémiques liées à son usage qui ont émaillé cette année de crise sociale.
Le cas de la France a par ailleurs été brandi récemment par le sénateur chilien Rodrigo Galilea pour justifier l'utilisation du LBD au Chili, l'arme étant qualifiée dans les deux cas de méthode «institutionnelle» de sortie de crise de pays «démocratiques». «Il est évident que le président Macron a dû faire appel à la police et à l'armée [...] Personne n'aime faire cela, mais il a dû de le faire. Le président [Sebastian] Pinera aussi, car son devoir fondamental, c'est la sécurité», a-t-il précisé avant d'affirmer que la solution devait aussi être politique.
Le président chilien Sebastian Pinera avait condamné pour la première fois le 17 novembre les violences policières et promis qu'il n'y aurait pas d'impunité contre leurs auteurs. La crise sociale sans précédent qui secoue le Chili depuis un mois a fait 22 morts, dont cinq à la suite de l'intervention des forces de l'ordre, et plus de 2 000 blessés.