31% d'indifférents, 25% d'opinions négatives : ce que les Russes pensent d’Alexeï Navalny
L'opposant russe et fondateur du Fonds anti-corruption Alexeï Navalny est soutenu par seulement 9% des Russes, selon un sondage. Alors que son nom figure régulièrement dans les médias, 31% des personnes interrogées ne savent rien de son activité.
Souvent qualifié d'«opposant numéro un» au Kremlin, Alexeï Navalny est-il aussi populaire en Russie qu’on le pense en Occident ? Un sondage du centre analytique indépendant Levada, publié par l’agence russe Interfax le 5 novembre, vient bousculer les idées reçues à ce sujet.
Plus de 30% des Russes sont indifférents concernant Alexeï Navalny et 31% ne savent rien de son activité. Dans le même temps, 25% des personnes interrogées ont une attitude négative envers lui. Seuls 9% des sondés ont une opinion favorable de l'opposant. Selon les données du Centre analytique Levada, en 2017 Alexeï Navalny était connu de 55% des répondants.
Le sondage a été mené du 24 au 30 octobre 2019 auprès d'un échantillon représentatif des populations urbaines et rurales dans 137 communes de la Fédération de Russie.
Démêlés judiciaires
Alors que les démêlés judiciaires d’Alexeï Navalny ont été largement couverts par les médias et dans les réseaux sociaux ces derniers temps, près de la moitié des Russes (47%) ne sont pas au courant, indique le sondage.
Selon 18% des sondés, les perquisitions et poursuites pénales contre le Fonds anti-corruption créé par Alexeï Navalny sont le résultat des actions des autorités qui répriment les enquêtes indépendantes sur la corruption. Un même nombre de participants au sondage (18%) pensent que l’Etat russe cherche ainsi à se protéger des agents d’influence étrangers. 12% des personnes interrogées voient dans ces enquêtes le fruit de la lutte menée par l’Etat contre le blanchiment d’argent.
Le 9 octobre, le Fonds de lutte contre la corruption, fondé par l’opposant russe Alexeï Navalny, a été classé par le ministère russe de la Justice comme «agent étranger». La loi sur les «agents étrangers» a été adoptée en 2012. Pour qu'un organisme à but non-lucratif soit classé comme «agent étranger», il faut qu’il mène une activité politique et soit financé depuis un pays étranger.
Vladimir Titov, chef de département au ministère russe de la Justice, a expliqué que l'organisation avait reçu de l'argent de l'étranger, en l'occurrence de l'Espagne et des États-Unis, pour un total d'environ 140 000 roubles [1974 euros]. En outre, le ministère considère que les activités du Fonds sont politiques car ses employés tentent d’influencer les organes du pouvoir et d’organiser des manifestations et des rassemblements.
Le 12 septembre, le Comité d'enquête avait effectué des perquisitions aux sièges de l'organisation de Navalny et chez des employés de fonds, se rendant au total à environ 200 adresses.
Le 3 août, le Comité d'enquête russe avait ouvert une enquête visant le fonds de Navalny, organisation accusée de blanchiment pour un montant d'environ un milliard de roubles. Le 8 août, les comptes bancaires du Fonds anti-corruption d'Alexeï Navalny, ainsi que ceux de ses sièges régionaux, ont été bloqués.
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