L'Etat indien change le statut et divise l'Etat majoritairement musulman du Jammu-et-Cachemire
- Avec AFP
L'Etat indien du Jammu-et-Cachemire a été divisé en deux territoires administratifs distincts, placés sous une tutelle plus étroite de New Delhi, trois mois après la reprise en main brutale de cette région poudrière.
Depuis le 31 octobre, le Cachemire indien est désormais composé des «territoires de l'Union» du Jammu-et-Cachemire et du Ladakh, un statut inférieur à celui d'Etat fédéré que possédait la région jusqu'ici. Ce changement confère un plus grand pouvoir au gouvernement central dans la gestion des affaires locales.
Cette région himalayenne à majorité musulmane disputée avec le Pakistan, où l'Inde fait face à une longue insurrection séparatiste, vit sous une chape de plomb sécuritaire depuis la révocation soudaine début août par le gouvernement nationaliste hindou de son autonomie constitutionnelle.
Le nouveau Jammu-et-Cachemire regroupe dorénavant la vallée à majorité musulmane de Srinagar et, au sud du pays, les plaines à prédominance hindoue de Jammu. Celui du Ladakh comprend le désert en haute altitude à majorité bouddhiste, frontalier de la Chine.
Autonomie locale restreinte
Le Jammu-et-Cachemire conservera une assemblée législative et un chef de gouvernement local, mais aux prérogatives rognées par rapport à ses prédécesseurs et qui devra travailler avec un lieutenant-gouverneur nommé par New Delhi. Un statut équivalent à celui de la petite ville de Pondichéry.
Le Ladakh sera lui directement dirigé par un lieutenant-gouverneur. Les administrateurs des deux régions prêtaient serment jeudi à Srinagar et Leh lors de cérémonies discrètes et sous haute garde.
Par crainte d'un soulèvement de la population en réaction à la révocation du statut du Jammu-et-Cachemire et sa dislocation, l'Inde a imposé depuis août des restrictions draconiennes dans la vallée de Srinagar. Les restrictions de déplacements pour les habitants ont depuis été assouplies, une partie des lignes téléphoniques est aujourd'hui rétablie mais la population reste coupée d'internet depuis près de trois mois.
Des eurodéputés RN au Jammu-et-Cachemire
Une délégation d'eurodéputés, majoritairement issus des partis nationalistes ou souverainistes, a effectué cette semaine une visite contestée par leurs détracteurs dans cette zone hautement militarisée. Parmi eux notamment cinq élus du Rassemblement national (RN), de leurs alliés italien de la Ligue et Allemands de l'AfD, du parti polonais Droit et justice ou encore des Britanniques du Parti du Brexit.
L'eurodéputé RN Therry Mariani, présent dans la délégation, a salué la politique du président Narendra Modi le 28 octobre sur Twitter : «Réélu largement en mai 2019, il prouve qu’un politique mettant en priorité l’intérêt national peut assurer la croissance du niveau de vie et renforcer la sécurité, comme le montre sa décision sur le Cachemire.»
#Inde. Rencontre avec le Premier Ministre @narendramodi à #NewDelhi
— Thierry MARIANI (@ThierryMARIANI) October 28, 2019
Réélu largement en mai 2019, il prouve qu’un politique mettant en priorité l’intérêt national peut assurer la croissance du niveau de vie et renforcer la sécurité, comme le montre sa décision sur le #Cachemirepic.twitter.com/8zN5E2zRBk
La visite a notamment été dénoncée comme une «opération de relations publiques» du Premier ministre Narendra Modi. Journalistes étrangers et responsables de l'opposition ne peuvent pas se rendre au Cachemire indien. La plupart des responsables politiques locaux sont en détention.