Le maire de Madrid assure qu'il préférerait donner de l'argent pour Notre-Dame que pour l'Amazonie
Le nouveau maire de Madrid, élu en battant la gauche, a choqué un auditoire d'enfants en assurant qu'il préférerait donner de l'argent pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame que pour préserver la forêt amazonienne.
Notre-Dame, symbole de l'Union européenne ? C'est en tout cas au moyen de cet argument que le maire Parti populaire (droite) de Madrid, José Luis Martínez-Almeida, a tenté de désamorcer l'indignation provoquée par ses propos prononcés devant un auditoire d'écoliers le 29 septembre, alors qu'il participait à l'émission La vuelta al cole (Retour à l'école), sur la chaîne régionale Telemadrid.
El alcalde de Madrid es el centro de la polémica por afirmar que donaría dinero a Notre Dame y no a reforestar el Amazonas pic.twitter.com/OI2s8Wilm5
— RT en Español (@ActualidadRT) October 2, 2019
«Si tu pouvais donner de l'argent à seulement un seul de ces deux endroits, tu le donnerais auquel ? La cathédrale de Notre-Dame ou pour replanter l'Amazonie ?», lui a ainsi demandé une écolière.
Et l'édile de répondre laconiquement : «La cathédrale de Notre-Dame».
«¿ Por qué ?»
Pressé de questions par les enfants lui objectant que la forêt était notamment le «poumon de la planète», le maire a dû argumenter : «Pourquoi ? Effectivement, [l'Amazonie est] le poumon de la planète, mais la cathédrale Notre-Dame est un symbole de l'Europe et nous vivons en Europe».
Le maire a expliqué dans la foulée que l'une des meilleures choses qui soient arrivées à l'Espagne ces 30 dernières années était selon lui d'avoir adhéré à l'Union européenne [en 1986].
Mais le sens des priorités du maire n'a, semble-t-il, pas convaincu ses opposants, dont la maire (de gauche écologiste et socialiste) de Barcelone Ada Colau qui s'est amusée de la réaction des enfants : «Mais pourquoi ?», a-t-elle twitté.
Pero ¿por quéeeeee? pic.twitter.com/DM3kLzR71h
— Ada Colau (@AdaColau) 30 septembre 2019
Le maire a cependant reçu plusieurs soutiens. Il a notamment partagé sur son compte Twitter la réaction du journaliste John Müller, un ancien directeur adjoint du quotidien positionné à droite El Mundo, qui a vu dans l'échange «un paradigme de cette époque».
«Quelques enfants qui répètent ce qu'ils entendent à la maison, réplique de ce qui se dit à la télé, qui rencontrent un adulte qui leur porte contradiction et leur donne des arguments. Ce débat entre nature et raison prend beaucoup de temps», a-t-il écrit sur le réseau social.
L'écologie a été un point de clivage important à Madrid lors des dernières élections municipales. La droite a repris la ville à la gauche le 15 juin dernier avec le soutien du parti libéral centriste Ciudadanos et des populistes de droite Vox.
Un des points clé de la campagne a été la promesse de mettre fin au système de restriction de la circulation dans le centre-ville mis en œuvre par l'ancienne équipe municipale. Cette mesure, très impopulaire chez une partie de la population, était censée réduire de 40% les émissions de gaz polluants et interdisait sous peine d'amende le centre-ville aux automobilistes.