Monde multipolaire, Venezuela, Iran : l'allocution de Sergueï Lavrov à l'ONU
Le ministre russe des Affaires étrangères a plaidé à l'ONU pour un monde multipolaire dans lequel les décisions se prennent de manière collégiale pour une meilleure représentativité de la communauté internationale.
S'exprimant à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies le 27 septembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a plaidé pour un multilatéralisme en ce qui concerne la gouvernance mondiale. A cet égard, il a estimé que les puissances occidentales avaient du mal à admettre que «leur domination – qui a duré des siècles – est en train de faiblir».
En prenant appui sur la charte des Nations unies, il a insisté sur le fait qu'il fallait trouver selon lui «un équilibre entre tous les Etats». «Aujourd’hui, nous voyons émerger de nouveaux centres de croissance économique et d’influence politique», a constaté Sergueï Lavrov, dont le pays fait parte du groupe des BRICS, réunissant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, et créé pour contrebalancer le G7.
Selon Lavrov, les occidentaux veulent imposer des règles hors du droit international
Sergueï Lavrov a ensuite pointé l'attitude des puissances occidentales qui agissent hors de tout cadre commun, notamment en matière d'autodétermination et de droits de l'Homme.
Quand ça les arrange, ces pays [occidentaux] reconnaissent le droit à l’autodétermination comme valeur suprême et dans d’autres cas, ils estiment que c’est illicite ou illégal
Ces pays, qui se proclament «libéraux» et «progressistes», veulent, selon lui, imposer «des règles au détriment du droit international». «Des règles qui sont imposées en fonction des intérêts des uns et des autres», a-t-il critiqué. «Quand ça les arrange, ces pays reconnaissent le droit à l’autodétermination comme valeur suprême et dans d’autres cas, ils estiment que c’est illicite ou illégal», a détaillé le chef de la diplomatie russe.
Il a également déploré le fait qu’il y ait «de plus en plus de manipulation des consciences publiques, une propagation d’informations mensongères, le deux poids deux mesures dans le domaine des droits de l’homme, la répression de certains médias que l’on ne souhaite pas voir prospérer ou des interdictions imposées à certains journalistes». Une possible allusion au traitement subi par RT, notamment en France.
Armement nucléaire et Conseil de sécurité
Sergueï Lavrov a en outre critiqué l’action de l’Otan et des Etats-Unis, notamment dans leur course aux armements. Il a assuré que son pays n'agira que dans le cadre de la réciprocité. La Russie ne déploiera pas de «capacités nucléaires à portée intermédiaire en Europe ou dans d’autres régions si les Etats-Unis respectent aussi leur engagement», a-t-il assuré.
Par ailleurs, celui qui occupe sa fonction depuis 2004 a prôné une réforme du Conseil de sécurité pour une meilleure représentativité du monde, ce qui constitue pour lui «une priorité». Il a ainsi proposé un élargissement de celui-ci afin que tous les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine puissent se sentir représentés. «Les réalités d’un monde multipolaire rendent nécessaires la recherche d’une solution qui pourrait remédier aux déséquilibres actuels», a-t-il argumenté.
Mise en garde contre l'ingérence au Venezuela et en Iran
A titre d'exemple en la matière, le ministre russe a, sans surprise, rappelé la position de son pays sur la situation au Venezuela, menacé, selon lui, par des forces extérieures.
«La Russie, comme la majorité écrasante des Nations unies, rejette toute tentative de réimposer en Amérique latine les règles de la doctrine Monroe en renversant des gouvernements souverains», a-t-il lancé.
Après son intervention à la tribune de l'Assemblée générale, Sergueï Lavrov a répondu aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse. A cette occasion, il a évoqué la situation tendue actuellement entre les Etats-Unis et l'Iran. Il a ainsi rappelé que ce sont les Etats-Unis qui se sont retirés unilatéralement de l'Accord sur le nucléaire iranien en mai 2018. «On a l'impression qu'il y a une tentative des Américains de pointer les Iraniens comme la source de tous les maux qui touchent la région», a-t-il déclaré, évoquant notamment le Moyen-Orient et l'Afrique. Le chef de la diplomatie a prôné la «désescalade» et le dialogue direct sans passer par l'intermédiaire des médias afin de trouver «un compromis satisfaisant pour toutes les parties prenantes». Il a dit espérer que ce processus allait se lancer avec la participation «des pays du Conseil de sécurité, de la Ligue arabe, l'Organisation de la coopération islamique et de l'Union européenne».
Un discours prônant le dialogue et la représentativité de la diversité des pays du monde entier, en mettant de côté leur poids économique ou militaire.