Espagne : la Cour suprême autorise l'exhumation de Franco
- Avec AFP
La Cour suprême espagnole devait trancher sur l'exhumation de Franco de son mausolée monumental situé près de Madrid, objet depuis plus d'un an d'un bras de fer entre le gouvernement socialiste et les descendants du dictateur mort en 1975.
La Cour suprême espagnole a rejeté le recours des descendants de Franco et autorisé l'exhumation du dictateur de son mausolée monumental situé près de Madrid, voulue par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez.
Après un peu plus d'une heure de réunion à huis clos, les six magistrats en charge de ce dossier sensible politiquement ont décidé à l'unanimité de rejeter dans sa totalité le recours présenté par la famille de Francisco Franco en relation avec l'exhumation de Francisco Franco décidée par le gouvernement, a fait savoir la Cour dans un communiqué.
Cet arrêt de la Cour valide la décision du gouvernement d'exhumer Franco du «Valle de los Caidos» et de le réinhumer dans le cimetière plus discret d'El Pardo, au nord de Madrid, où est enterrée son épouse. Pourtant cette décision ne signifie pas que l'exhumation aura lieu immédiatement.
Les mêmes magistrats doivent en effet encore examiner trois autres recours mais, selon un porte-parole de la Cour, leur réponse devrait être dans la même ligne. Et la famille peut encore tenter un recours devant la Cour constitutionnelle.
Dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez avait fait de l'exhumation du dictateur de son mausolée monumental, situé près de Madrid, l'une de ses priorités.
Mais la famille Franco s'est lancée dans une guérilla juridique et en juin, la Cour suprême avait décidé de suspendre l'exhumation, le temps d'examiner son recours, quelques jours seulement avant la date fixée par le gouvernement pour transférer la dépouille du dictateur.
«Une démocratie n'est pas compatible avec le fait d'avoir Franco dans un mausolée», a martelé mardi matin à la radio la numéro deux du gouvernement Carmen Calvo.
Comme les descendants du dictateur mort en 1975, la Fondation nationale Francisco Franco a elle assuré qu'elle va «continuer à lutter légalement jusqu'au bout pour que Franco reste là-bas», a déclaré la semaine dernière à la presse son président Juan Chicharro Ortega.
Cette Fondation, qui défend farouchement l'héritage et la mémoire du dictateur, a déposé l'un des trois recours restant à examiner. Les deux autres ont été présentés par la communauté bénédictine gérant le mausolée et par l'Association de défense du «Valle de los Caidos».
En cas de rejet de son recours contre l'exhumation, la famille avait réclamé que Franco soit enterré dans le caveau familial de la cathédrale de l'Almudena, où gît sa fille. Mais le gouvernement y était farouchement opposé car il craignait que cela ne la transforme en un nouveau lieu de pèlerinage franquiste, en plein centre de Madrid.
Vainqueur de la Guerre civile (1936-1939) à la tête des militaires qui s'étaient soulevés contre la République, Francisco Franco a dirigé l'Espagne jusqu'à sa mort en 1975.
Il avait lui-même pris la décision de construire le «Valle de los Caidos», basilique creusée à flanc de montagne et surmontée d'une croix de 150 mètres de haut, à San Lorenzo de El Escorial. Des prisonniers républicains avaient dû participer à sa construction à partir de 1941.
La décision de la Cour suprême intervient en pleine pré-campagne électorale, à un mois et demi des législatives du 10 novembre. En 2017, une large majorité de députés espagnols (198 sur 350) avait demandé que la dépouille de Franco soit transférée afin que le Valle de los Caidos ne soit «plus un lieu de mémoire franquiste et national-catholique».