Cent ans après la révolution d'Octobre, que faire du mausolée de Lénine ?

Cent ans après la révolution d'Octobre, que faire du mausolée de Lénine ?© Vladimir Fedorenko Source: Sputnik
Le mausolée de Lénine sur la place rouge à Moscou
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Alors que Moscou fête le centenaire de la Révolution, Vladimir Poutine a assuré aux communistes que Lénine resterait dans son mausolée de la Place Rouge. Des sondages montrent pourtant qu'une majorité de Russes souhaiterait qu'il soit déplacé.

Le chef du Parti communiste russe Valeri Ziouganov a déclaré le 1er août que Vladimir Poutine lui avait promis que, tant qu'il resterait président, le corps de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, resterait dans son mausolée de la Place Rouge de Moscou. 

Le locataire du Kremlin a été clair : personne ne touchera au corps du leader révolutionnaire, dont le mausolée attire chaque année des millions de visiteurs. «Tant que je serai là, il n'y aura aucune barbarie de ce genre sur la Place Rouge», a assuré le président russe au chef du parti communiste, qui a rapporté ces propos lors d'une conférence où plusieurs dirigeants de partis russes étaient réunis.

Selon Valeri Ziouganov, Vladimir Poutine a également rejeté les allégations selon lesquelles Lénine n'était pas enterré conformément aux rites orthodoxes. «En ce qui concerne la façon dont il a été enterré, le corps de Lénine repose, comme l'exige la tradition de l'Eglise chrétienne orthodoxe, à un mètre et demi au-dessous du niveau du sol», a fait savoir Vladimir Poutine au chef du parti communiste, toujours selon les dires de ce dernier.

L'héritage soviétique, un casse-tête ?

Le chef de la révolution bolchevique d'Octobre 1917, dont les communistes fêtent le centenaire cette année, a été enterré dans le mausolée de la Place Rouge à Moscou peu de temps après sa mort en 1924, bien que le tombeau de pierre actuel n'ait été érigé qu'en 1930. Durant des décennies, le mausolée et le culte de la personnalité de Lénine ont joué un rôle primordial dans l'idéologie communiste soviétique.

Plus de 25 années après la chute de l'URSS, le débat public sur l'exhumation du corps du chef de la révolution d'Octobre est plus que jamais d'actualité. Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution, il est remis sur la table et divise toujours autant l'opinion. Faut-il en finir une bonne fois pour toute avec la symbolique soviétique ou, au contraire, considérer qu'elle fait partie intégrante de l'histoire du pays et que la supprimer serait une insulte à son passé, ses valeurs, sa culture ?

Le débat a commencé dès le milieu des années 1980. L'URSS était alors en pleine période de la perestroïka, système de réformes économiques et sociales mises en place par le dirigeant de l'époque, Mikhaïl Gorbatchev, qui visaient à libéraliser progressivement le système bureaucratique vieillissant. En 2017, le mausolée et le corps embaumé de Lénine sont toujours là.

Les mentalités évoluent

En avril dernier, un sondage d'Etat réalisé auprès de 1 600 personnes dans 130 villes russes révélait que près de 60% des Russes étaient favorables à ce que le corps de Lénine soit retiré du mausolée, afin d'être enterré au pied du mur du Kremlin où gisent près de 400 personnalités soviétiques, tels que des généraux, responsables politiques ou hommes et femmes ayant contribué au rayonnement de l'URSS, tels que Youri Gagarine, premier homme à s'être rendu dans l'espace.

La révolution bolchevique était un crime contre l'Etat

Par ailleurs, le 13 mars dernier, un député du parti libéral-démocrate de Russie (LDPR), Ivan Soukharev, avait demandé à la Douma de se pencher sérieusement sur le cas du mausolée de Lénine, estimant qu'en cette année du centenaire de la révolution bolchevique, il était temps pour la Russie de «clore définitivement le chapitre soviétique de son Histoire et cesser de vénérer la personnalité de son fondateur».

«La révolution bolchevique était, de fait, un crime contre l'Etat», avait affirmé le député. Et de poursuivre : «Aujourd'hui, nous vivons dans un pays complètement différent, mais les personnages du passé continuent d'être exhibés au centre de la capitale. Nous nous devons une bonne fois pour toutes de mettre fin à cette contradiction, c'est à dire, exhumer les dirigeants soviétiques pour les enterrer en conformité avec le rite orthodoxe. D'autant plus que l'Eglise partage entièrement cette position.»

Position de l'Eglise et désoviétisation

Il est vrai que cela était initialement le cas. En 2013, les représentants de l'Eglise orthodoxe russe avaient suggéré que le corps de Lénine soit retiré de la place centrale de la capitale, estimant que son exhibition était démesurée et n'avait plus rien à voir avec les traditions orthodoxes que valorise aujourd'hui Moscou. Mais ces dernières années, en raison notamment de la politique de désoviétisation menée par la Pologne et le gouvernement ukrainien issu de la Révolution Maïdan, la question du devenir de l'héritage soviétique a pris une autre résonance en Russie. 

Le processus de désoviétisation se transforme peu à peu en dérussification. Nous ne pouvons pas nous permettre de contribuer à ce genre d'idéologie

Dans ce contexte, le 16 mars dernier, le porte-parole principal de l'Eglise orthodoxe russe, Alexandre Chipkov, a publié une déclaration, expliquant qu'avant de déplacer le corps de la principale figure du communisme, la Russie et les pays de l'ex-URSS devaient se «désoviétiser», c'est à dire, en finir avec l'héritage soviétique et communiste, mais avait ajouté : «Or, nous constatons que chez nos voisins ukrainiens, le processus de désoviétisation se transforme peu à peu en dérussification. Nous ne pouvons pas nous permettre de contribuer à ce genre d'idéologie.» 

Le responsable religieux était même allé plus loin, suggérant que le gouvernement russe devait mettre en place «un moratoire sur la guerre contre les symboles politiques en Russie», qui est selon lui «source de destruction et de désunion» du pays.

En tout état de cause, le 1er août, Vladimir Poutine semble avoir tranché : tant qu'il sera au pouvoir en Russie, Lénine ne quittera pas son tombeau exceptionnel de la Place Rouge.

Lire aussi : Vladimir Poutine : il n’était pas nécessaire de démanteler l’Union soviétique

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