Algérie : contre les récentes annonces, des dizaines de milliers de manifestants dans les rues
Les manifestants algériens ont battu le pavé pour le 31e vendredi consécutif à Alger et dans tout le pays. Ils rejettent l'organisation d'une présidentielle annoncée pour le 12 décembre et revendiquent la liberté d'opinion et de circulation.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le 20 septembre à Alger et dans tout le pays pour le 31e vendredi d'affilée, surchauffés par la déclaration, deux jours plus tôt, du chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier avait annoncé avoir ordonné à la gendarmerie d'empêcher l'accès de la capitale aux manifestants d'autres régions du pays.
#Alger, 31e vendredi : les rues du centre-ville noires de monde
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«Nous sommes venus en clandestins dans la capitale», scandaient notamment les manifestants dans la capitale, non sans humour, en réponse à la mesure annoncée.
"جينا حراقة للعاصمة"
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« Nous sommes venus à la capitale comme des clandestins »#الجزائر#الجمعة31#Alger#Algerie#Vendredi31pic.twitter.com/Ybh37dg8pn
Les arrestations d'activistes et de personnalités politiques ces derniers jours ont aussi motivé les manifestants à sortir massivement pour revendiquer leur libération et la liberté de circulation et d'opinion.
«Le peuple veut renverser Gaïd Salah», «Mettez-nous tous en prison», «Le peuple ne s'arrêtera pas», ont scandé les manifestants dans une ambiance enflammée et festive.
Marée humaine à la rue Didouche Mourad
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) September 20, 2019
Une première pour un vendredi matin #الجزائر#الجمعة31#Alger#Algerie#Vendredi31pic.twitter.com/gkz0hrYedh
Enfin et surtout, les protestataires contestent l'annonce faite le 15 septembre de l'organisation d'une élection présidentielle en décembre. Un scrutin rejeté par le mouvement de contestation dans les conditions actuelles. Ils exigent le départ de ce qu'ils appellent «le système», à savoir de tous ceux qui étaient liés de près ou de loin à l'ancien pouvoir dirigé pendant 20 ans par Abdelaziz Bouteflika.
«Il n'y aura pas d'élection avec le gang», scandaient les manifestants.
Ils chantent « wallah makench el vote (Il n’y aura pas de vote) » et « Le peuple veut la chute de Gaïd Salah » #Alger#Algériepic.twitter.com/oJVDp1maIK
— Zahra Rahmouni (@ZahraaRhm) September 20, 2019
La Constitution algérienne en vigueur ces dernières années donnaient en effet les pleins pouvoirs au président de la République, ce que beaucoup contestent à l'heure actuelle, demandant une démocratie plus vivace dans laquelle le peuple aurait réellement son mot à dire ainsi que la fin de la corruption dans les hautes sphères du pouvoir.
Si le déploiement des forces de sécurité était ce 20 septembre plus important que lors des précédents vendredis, il semble néanmoins que – contrairement à l'annonce faite par Gaïd Salah – l'accès à la capitale a été plus simple que prévu, comme en témoignait le journaliste Akram Kharief en fin de matinée en expliquant que les barrages à l'entrée de la capitale étaient plutôt souples et «minimalistes».
L'impressionnant dispositif policier déployé et le déploiement massif de la gendarmerie aux entrées d'Alger n'ont pas dissuadé les manifestants. La mobilisation est plus forte que vendredi dernier
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Toutefois, comme chaque vendredi, la police était fortement présente dans le centre de la capitale et sur les axes y menant. Elle a arrêté des véhicules dans les rues principales de la ville menant notamment à la Grande Poste, épicentre de la mobilisation.
De nombreux témoignages comme celui d'un journaliste de l'AFP faisaient ainsi état de policiers en civil examinant les papiers d'identité de nombreux passants, et de l'interpellation de certains d'entre eux. Est-ce parce qu'ils venaient d'autres régions du pays comme c'était redouté ? Impossible de l'affirmer avec certitude.
Il n’y a pas lieu, pour quiconque, de chercher des faux prétextes pour remettre en cause l’intégrité du processus électoral ou l’entraver
Dans son discours du 18 septembre, Ahmed Gaïd Salah excluait toute remise en cause du processus électoral à venir. «Il n’y a pas lieu, pour quiconque, de chercher des faux prétextes pour remettre en cause l’intégrité du processus électoral ou l’entraver», avait-il lancé.
Écoute ça el gaid #alger#hirakpic.twitter.com/coEkXQ6Ymp
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Annonçant que l'armée empêcherait désormais les manifestants des autres régions de se joindre aux cortèges à Alger, il a motivé cette décision par l'existence de «certaines parties [...] aux intentions malveillantes» qui drainent «chaque semaine des citoyens [...] vers la capitale afin d'amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n'ont rien d'innocent».
«Leur véritable objectif est d'induire l'opinion publique en erreur [...] pour s'autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple», a-t-il tonné
Interviewé par RT France, le chercheur Hicham Rouibah, a commenté le discours du chef d'état-major. Il pense que celui-ci essaye de semer la confusion en disant qu'il y a des groupes de citoyens qui veulent porter atteinte à la stabilité du pays, sans jamais dire lesquels ni comment. D'autre part, Hicham Rouibah rappelle que l'injonction de Gaïd Salah concernant l'interdiction d'accéder à Alger à certains manifestants est «anticonstitutionnelle parce que l'article 55 de l'actuelle Constitution énonce clairement que tout citoyen a le droit de circuler sur tout le territoire national»
#Algérie 🇩🇿 : les manifestations se poursuivent malgré l'annonce d'une élection présidentielle@chimo884#Alger#RTFrance en direct :
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Des manifestations également massives ont par ailleurs eu lieu dans plusieurs régions du pays, notamment à Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou et Oran, selon des images publiées sur les réseaux sociaux.
31 vendredi : début de la marche à #Béjaia.#حراك_20_سبتمبر#Algérie#Alger#Direct#الجزائر#Hirak#Bensalah#Gaid_Salahpic.twitter.com/cnH9Su5qFq
— Observ'Algérie (@ObservAlgerie) September 20, 2019
Les manifestants se sont dispersés sans incident vers 17h, en scandant : «Nous reviendrons [manifester] mardi avec les étudiants». En effet, depuis le début de la mobilisation démarrée le 22 février, en plus de la mobilisation hebdomadaire du vendredi, systématiquement, chaque mardi, les étudiants manifestent eux aussi, rejoints de manière substantielle par des plus vieux ou des plus jeunes.
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