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Parly et Le Drian en Russie pour un dialogue intergouvernemental inédit (EN CONTINU)

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, ainsi que la ministre des Armées Florence Parly, ont retrouvé leurs homologues russes à Moscou. La rencontre constituait le premier dialogue intergouvernemental de ce genre depuis 2014.

Lundi 9 septembre

Claude Blanchemaison, expert en relations internationales, et Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et ancien ambassadeur de France en Russie, reviennent sur la rencontre entre les ministres français et russes de la Défense et des Affaires étrangères, une première depuis 2014.

Que retenir de cette rencontre ? Notre reporter Thomas Bonnet fait le point.

Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe, a commenté pour RT France la rencontre entre les ministres français et russes de la Défense et des Affaires étrangères de ce 9 septembre.

Répondant à une question en fin de conférence de presse, Jean-Yves Le Drian a déclaré : «Je pense que les journalistes de RT France exercent en France en toute liberté». Pour autant, a ajouté le ministre français, ces journalistes «n'ont pas accès à un certain nombre de lieux en raison d'une vision du CSA qui avait cité certains manquements à l'information.»

Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a salué le fait que Jean-Yves Le Drian reconnaisse les journalistes de RT en tant que tels – alors qu'Emmanuel Macron avait, en mai 2017, décrit RT comme un «organe d'influence et de propagande».

Enfin, Florence Parly a souligné l'importance de mettre en place des «mécanismes de déconfliction» – des actions de coordination visant à limiter les accrochages et accidents. «Il est donc important de pouvoir se parler, pour éviter les incompréhension,s les incidents, les frictions», a expliqué la ministre française des Armées.

«Nous devons renforcer notre dialogue sur ces sujets, mieux connaître nos doctrines respectives», a encore déclaré la membre du gouvernement français.

En Syrie, la France et la Russie partagent un défi commun, «celui du terrorisme», mais «ont des approches réellement différentes», a néanmoins relevé la ministre, exprimant les inquiétudes françaises quant à la situation à Idleb. «Ces différences [...] ne sont pas une fatalité», a assuré la ministre française des Armées.

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou prend la parole.

«Nous sommes d'accord sur la nécessité d'éviter une course aux armements en Europe», a-t-il déclaré.

«Nous serons heureux d'accueillir madame Parly et les militaires français» aux commémorations de la victoire contre le nazisme, a-t-il également rappelé.

Jean-Yves Le Drian prend à son tour la parole. 

«Nous sommes ici pour mettre en place un dialogue franc et exigeant», selon le souhait d'Emmanuel Macron, a déclaré le chef de la diplomatie française. «La Russie doit demeurer un pays fondamentalement européen», a-t-il également dit, parlant d'«évidence» géographique, historique et culturelle. «Nous avons une histoire commune, faite de drames, de tragédies, mais aussi de coopération», a-t-il poursuivi, évoquant l'importante «séquence mémorielle» qui commencera en novembre – les commémorations de la chute du Mur de Berlin et la fin de la Seconde Guerre mondiale.

«Le moment est venu, le moment est propice pour travailler à réduire la défiance», pour le haut responsable.

Nos divisions nuisent à nos intérêts réciproques

Autre constat du chef de la diplomatie française : «Nos divisions nuisent à nos intérêts réciproques».

Dans ce contexte, la France propose à la Russie «un nouvel agenda de confiance et de sécurité». Il convient, pour le chef de la diplomatie française, de proposer un dialogue structuré sur la sécurité et la stabilité de l'Europe. «Il faut dans cette volonté-là agir dans cinq directions» : 

  • renforcer les relations bilatérales sur les sujets clés comme la lutte contre le terrorisme ou le climat
  • créer des mécanismes bilatéraux de dialogue et de transparence sur les enjeux stratégiques pour éviter les malentendus
  • agir ensemble vers une restauration progressive de la stabilité stratégique. «Le continent européen ne sera jamais stable, ne sera jamais en sécurité, si nous n’avons pas des relations très clarifiées avec la Russie», a estimé Jean-Yves Le Drian
  • ancrer cette coopération «dans la dimension humaine de notre relation», car l'Europe «c'est aussi un héritage commun de valeurs et de principes»
  • agir ensemble pour faire face aux crises en-dehors de l'espace européen.

Ces évolutions ne sont toutefois possibles, selon le ministre, qu'à condition que des évolutions s'observent sur le dossier ukrainien. Or, pour Jean-Yves Le Drian, le contexte est favorable à une progression vers une pleine application des accords de Minsk.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov prend la parole en premier.

«La Russie est préoccupée par la perspective d'une course aux armements dans l'espace» lancée par les Etats-Unis, a déclaré le ministre russe, avant d'ajouter : «Nous avons demandé à nos collègues français de présenter leur position sur la question.» Le ministre des Affaires étrangères fait savoir que «la Russie a[vait] proposé à la France de participer à la réunion de Genève pour l’élaboration d’un Document juridique contraignant limitant le déploiement d’armes dans l’espace»

«Nos positions sur la Libye sont extrêmement proches», a également dit Sergueï Lavrov. «Nous sommes bien d'accord sur la nécessité d'instaurer un dialogue» entre le gouvernement libyen et les forces du maréchal Haftar, a-t-il indiqué.

Autre dossier majeur : les ministres français et russes sont d'accord sur la nécessité de maintenir l'accord sur le nucléaire iranien.

Sur la Syrie, la Russie entend poursuivre avec la France ses «travaux de coopération et de coordination sur la lutte antiterroriste» ainsi que la mise en place d'«opérations humanitaires» afin de permettre le retour des réfugiés en Syrie.

En ce qui concerne le dossier ukrainien, Sergueï Lavrov a rappelé l'attachement de Paris et Moscou aux accords de Minsk.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou rencontrent leurs homologues français Jean-Yves Le Drian et Florence Parly. Ils donnent une conférence de presse à l’issue de l’entretien.

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s'est dit prêt à collaborer avec le ministère français des Armées aussi étroitement que la partie française le souhaite. «Le 3 septembre, nous avons eu [avec Florence Parly] une discussion approfondie, nous avons discuté de nombreux sujets d’intérêt commun, y compris ceux ayant trait aux questions de sécurité en Europe. Nous avons échangé nos points de vue sur les principaux sujets de notre réunion d’aujourd’hui», a déclaré le membre du gouvernement russe.

«Je partage votre volonté de parvenir aujourd'hui à des résultats concrets afin de donner un nouvel élan à nos relations stratégiques. Je tiens à souligner que nous sommes déterminés à avancer dans la mesure où nos collègues français sont prêts à le faire», a déclaré Sergueï Choïgou, lors d'une réunion avec la ministre française des Armées ce 9 septembre.

Florence Parly, de son côté, a déclaré que la Russie et la France devaient avancer sur la voie du dialogue.

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, et Florence Parly, ministre des Armées, se rendent en Russie ce 9 septembre pour le Conseil de coopération sur les questions de sécurité. Les deux ministres vont retrouver leurs homologues russes, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou, au format «2+2». Plus d'informations avec nos reporters sur place.

Jean-Yves Le Drian et Florence Parly, respectivement ministre français des Affaires étrangères et ministre des Armées, sont en déplacement à Moscou ce 9 septembre pour participer à la 12e réunion du Conseil de coopération de sécurité franco-russe. Il s'agit du premier rendez-vous de ce genre depuis la prise des sanctions occidentales anti-russes de 2014 consécutives au rattachement de la Crimée à la Russie.

En amont de cet événement au format «deux-deux», le chef de la diplomatie française a affirmé que le but de cette rencontre était d'établir une base de «confiance» avec la Russie. 

Cette démarche diplomatique s'inscrit dans l'ambition affichée par les chefs d'Etat français et russe d'encourager un réchauffement des relations entre leurs deux pays. Alors qu’il s’adressait à l’Association de la presse présidentielle le 21 août, à la suite de la visite de Vladimir Poutine au Fort de Brégançon, Emmanuel Macron regrettait ainsi l'attitude hostile de certains, au sein des appareils d’Etat français et russes, face à un rapprochement entre les deux nations. Estimant que ce phénomène attisait la vielle rivalité entre Est et Ouest, le chef d'Etat français évoquait alors un «Etat profond», susceptible selon lui de résister à ses choix stratégiques.

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