L'incendie mortel du submersible russe ravive le traumatisme du Koursk
Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire Koursk, fleuron de la flotte du Nord, a sombré avec 118 hommes à bord. L'incendie d'un submersible russe ce 2 juillet, qui a coûté la vie à 14 marins, ravive le souvenir de cette tragédie.
Ce 2 juillet, 14 membres d'équipage d'un sous-marin russe de recherche ont perdu la vie dans les eaux territoriales russes à la suite d'un incendie dans leur bâtiment. Cette catastrophe rappelle une autre tragédie de triste mémoire, la pire qu'ait connue la marine russe en temps de paix : le naufrage du sous-marin nucléaire Koursk du projet 949A, au cours duquel 118 marins et officiers ont perdu la vie, il y a 19 ans.
Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire Koursk K-141 du projet 949A, de classe Oscar, commandé par le capitaine de vaisseau Guennadi Liatchine, naviguait en mer de Barents. Des exercices navals s’y déroulaient avec un équipage composé de 118 hommes. Le submersible était parti en mission depuis la base navale de Vidiaïevo, dans la région de Mourmansk. Vers 11h, deux explosions sous-marines ont été constatées dans la zone des manœuvres.
Echec des opérations de sauvetage
L’opération de sauvetage a commencé après la perte du contact avec le sous-marin. Très vite, elle est devenue internationale, impliquant notamment les vaisseaux norvégiens Seaway Eagle et Normand Pioneer disposant d’appareils de sauvetage britanniques. Le 21 août, des plongeurs norvégiens ont ouvert une écoutille de la 9e section du Koursk et constaté que tous les hommes d’équipage avaient péri. Un an plus tard, le sous-marin a été renfloué et remorqué jusqu’au chantier naval.
L’explication officielle de l'accident fait état d’une explosion qui s’est produite dans le tube N°4 du sous-marin à cause d’une fuite d’eau oxygénée, provoquée elle-même par des micro-fissures dans la paroi. 23 marins survivants se sont enfermés dans la 9e section du sous-marin, où ils sont décédés faute d’avoir été secourus.
Macabre découverte
Ce n’est qu'un an plus tard que le Koursk a été ramené à la surface. 115 corps ont été ramenés et enterrés en Russie. Les corps de trois officiers n’ont pas été retrouvés. Les enquêteurs ont aussi trouvé des lettres que des marins avaient écrites à leurs proches dans leurs derniers instants.
Nous ne pourrons pas survivre à la décompression en surface. Nous ne tiendrons pas plus d’un jour
«Il fait trop noir pour écrire, mais je vais essayer de le faire à tâtons. On dirait qu’il n’y a plus de chances. 10% ou 20%, peut-être. Nous avons l’espoir qu’au moins quelqu’un lise ça. Voici une liste de l’équipage par sections. Ceux qui sont dans la 9e section, ils vont chercher à sortir. Salutations à tous, personne ne doit perdre espoir», a écrit le lieutenant Dmitri Kolesnikov, âgé de 27 ans.
Autre membre de l’équipage, Andreï Borissov a adressé ses derniers mots à sa femme et à son fils.
«Mes chers Natacha et Sacha !!! Si vous lisez cette lettre, cela signifie que je suis mort. Je vous aime tant tous les deux. Natacha, excuse-moi pour tout. Sacha, deviens un vrai homme. Je vous embarrasse fort», leur a-t-il écrit.
«Nous nous sentons mal. Nous sommes affaiblis par les rejets d’oxyde de carbone, nous luttons pour survivre. Nous ne pourrons pas survivre à la décompression en surface. Nous ne tiendrons pas plus d’un jour», a résumé un autre sous-marinier dans les derniers instants de sa vie.
Une tragédie encore dans les mémoires
Depuis, la date du 12 août est marquée d'une pierre noire dans le pays. «La tragédie de la mer de Barents a bouleversé toute la Russie. Depuis ce moment, la flotte russe, ainsi que tout le pays, considèrent le 12 août comme un jour de deuil et de mémoire», avait souligné en 2015, Igor Koudrine, chef du club des sous-mariniers et conseiller du gouverneur de Saint-Pétersbourg, ville où la plupart des victimes de l’accident du Koursk ont été enterrées.
La tragédie du Koursk est considérée comme l’un des drames les plus tragiques de la présidence de Vladimir Poutine. Elle s’est déroulée lors de son premier mandat présidentiel, trois mois seulement après son élection. L’échec de l’opération de sauvetage a provoqué la colère et la frustration des familles des disparus, après l'émoi national et mondial suscité par ce drame.