Trump aurait ordonné des frappes sur l'Iran avant de se raviser in extremis

Trump aurait ordonné des frappes sur l'Iran avant de se raviser in extremis© US Air Force Source: AFP
Photo non datée, publiée le 20 juin 2019, montrant un drone de surveillance RQ-4 Global Hawk (image d'illustration).
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Selon des informations du NY Times, le président américain aurait pensé à frapper l'Iran, en représailles à la perte d'un drone, avant de se rétracter. Cet incident intervient alors que les tensions entre les deux nations ne cessent de s'exacerber.

Le président américain Donald Trump aurait autorisé, dans la nuit du 20 au 21 juin, l’armée américaine à opérer des frappes sur l’Iran, en représailles à la perte d’un drone américain abattu par la république islamique, avant de se raviser. Les avions étaient dans les airs et les navires en position mais aucun missile n’a été tiré selon un responsable américain sous couvert d’anonymat, cité par le New York Times.

Après la réunion entre les responsables de la sécurité nationale et des dirigeants du Congrès, révélée par le quotidien, à la Maison Blanche le 20 juin au soir, les responsables diplomatiques et militaires américains s’attendaient à des frappes. Il n’en a rien été. L’un des objectifs était le système de missile sol-air S-125 Neva/Pechora, d’après un responsable du Pentagone cité par Newsweek, qui, selon les Etats-Unis, serait à l’origine de l’attaque du drone américain, alors que Téhéran affirme de son côté avoir fait usage de son système de défense aérienne «3e Khordad».

Plus tôt dans la journée, après un tweet menaçant («L’Iran a fait une grosse erreur»), le 45e président des Etats-Unis a semblé vouloir calmer les tensions, rappelant que l’objet volant aurait pu être abattu par un officier iranien «lâche et stupide» et sans l’autorisation du pouvoir central. «Nous n’avions pas d’homme ou de femme dans le drone. Cela aurait fait une très grosse différence», a-t-il déclaré. Il n’a pas donné de précision quant à la réaction américaine, se contentant de répondre : «Vous la verrez.»

Bataille communicationnelle

Les deux parties se renvoient mutuellement la responsabilité de l’incident. Le commandement central américain a publié une carte suggérant que l’engin volant aurait été abattu dans les eaux internationales au-dessus du détroit d’Ormuz.

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif, a lui déclaré, coordonnées à l’appui, que l’Iran avait retrouvé des «parties du drone militaire américain dans [ses] eaux territoriales». Il a précisé que le drone avait décollé des Emirats arabes unis.

Dans la nuit du 20 au 21 juin, l’adjoint du ministre, Abbas Araghchi a «protesté énergiquement» par téléphone auprès de l’ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains, lui certifiant qu’il «avait des preuves irréfutables de ce que le drone avait violé l’espace aérien iranien».

L’administration est engagée dans ce que j’appelle des réponses mesurées.

Durant la soirée du 20 juin, les démocrates élus au Congrès ont exhorté Donald Trump a travaillé avec ses alliés. Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, a assuré que le gouvernement devrait «faire tout ce qui est en son pouvoir pour désamorcer [la crise]». De son côté, Chuck Schumer, chef de file du parti démocrate au Sénat, s’inquiétait que l’administration Trump puisse «sombrer dans une guerre». Il a expliqué avoir rencontré le président lors d’un briefing à huis clos et lui avoir fait savoir qu’il devait s’orienter vers «un débat ouvert et robuste» auquel le Congrès devrait participer. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a semblé satisfait des réponses de Donald Trump. «L’administration est engagée dans ce que j’appelle des réponses mesurées», a-t-il indiqué.

Survols aériens interdits

Washington a par ailleurs interdit, à compter du 20 juin au soir, aux compagnies aériennes américaines le survol de l’espace aérien contrôlé par l’Iran au-dessus du détroit d’Ormuz et du Golfe d’Oman «jusqu’à nouvel ordre». Ces restrictions s’expliquent, d’après l’Administration aéronautique fédérale américaine, par «une augmentation des activités militaires et de la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l’aviation civile américaine» doublée d’un risque «d’erreur de calcul ou d’identification».

Plus tard dans la nuit, United Airlines a suspendu ses vols entre l’aéroport de Newark (New York) et Bombay (Inde). «Compte tenu de l’actualité en Iran, nous avons procédé à un examen approfondi de la sécurité de notre service en Inde via l’espace aérien iranien et avons décidé de suspendre notre service», a annoncé la compagnie aérienne sur son site.

L’agence de sécurité OPS Group, qui fournit les consignes de sécurité aux opérateurs aériens, a révélé des données de suivi des vols montrant que des avions commerciaux volaient à proximité du drone lorsqu’il a été abattu. «La menace d’un tir d’avion civil dans le sud de l’Iran est réelle», a annoncé la société basée à Gand en Belgique.

La région est depuis plus d'un mois le théâtre d'une escalade des tensions entre Téhéran et Wahsington, à la suite du retrait américain de l'accord international sur le nucléaire iranien et du durcissement des sanctions à l'encontre de l'Iran. Les Etats-Unis ont récemment procédé à de nombreux déploiements militaires au Moyen-Orient, accusant la République islamique de préparer des «attaques imminentes» contre les intérêts américains.

Alexis Le Meur

Lire aussi : «Nous n’avons pas oublié les flacons de poudre» : Moscou ironise sur les accusations visant l'Iran

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