Israël mène un exercice militaire d'envergure dans l'éventualité d'un conflit
L'armée israélienne s'est livrée à des exercices militaires de grande ampleur simulant des attaques contre le Hezbollah, la bande de Gaza ou la Syrie. Ces manœuvres interviennent alors que la tension diplomatique ne cesse de monter dans le golfe.
Israël a organisé, du 16 au 19 juin, un gigantesque exercice militaire simulant un conflit avec un ennemi non identifié qualifié de «réfléchi et de taille». Cette opération intervient alors que le contexte dans le golfe s’est tendu depuis les attaques du 13 juin contre deux pétroliers en mer d’Oman.
L’exercice de quatre jours aura rassemblé des milliers de soldats de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air accompagnés de drones, d’hélicoptères, d’avions cargo et de systèmes de défense antimissiles. Pour la première fois, un chasseur F-35 a pris part aux manœuvres. Selon un responsable de l’armée de l’Air, repris par le Times of Israël, ces nouveaux appareils sont jugés comme plus efficaces en termes de «mortalité et de capacités multiples». Tsahal a récemment commandé à Lockheed Martin, firme américaine spécialisée dans la défense et la sécurité, 50 chasseurs de type F-35, dont 14 ont déjà été livrés selon l’armée de l’Air. Le reste de la commande devrait être honorée par lots de deux ou de trois d’ici 2024.
Des manœuvres «uniques»
«Nous nous entraînons à très haute intensité face à un ennemi réfléchi et de taille, doté de technologies plus développées que celles existant aujourd’hui», a précisé le responsable de l’armée. Tsahal a par ailleurs assuré que ces exercices n’avaient rien à voir avec les tensions actuelles entre l’Iran et les Etats-Unis, arguant que les manœuvres étaient prévues de longue date mais également récurrentes à cette période de l’année. Néanmoins, la radio publique israélienne a révélé que Benjamin Netanyahou, Premier ministre de l’Etat hébreu, avait convoqué, le 19 juin, son cabinet de sécurité pour une réunion concernant «les tensions dans le golfe Persique». Selon cette même source, une réunion similaire s’était tenue le 16 juin.
L'armée israélienne a procédé à des exercices offensifs et défensifs simulant, selon le Times of Israël un conflit avec le Hezbollah, des combats à Gaza ou encore en Syrie. Elles ont par ailleurs simulé des bombardements israéliens de missiles lourds et de roquettes et étudié des scénarios dans lesquels l’ennemi disposait de dispositifs antimissiles russes de type S-300 et S-400. Ces manœuvres, qui «impliquaient une coopération totale entre l’armée de l’air et les forces terrestres», ont été qualifiées d’«uniques» dans un rapport publié par Tsahal, ajoutant que l’armée avait atteint «son plus haut niveau de coopération au cours de la dernière décennie».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est exprimé dans un communiqué de presse après avoir assisté en personne à ces démonstrations. «J’entends nos voisins dans le nord, le sud et l’est, nous menacer de destruction […] Je dis à nos ennemis : l’armée israélienne a une très grande puissance destructrice. Ne nous testez pas», a prévenu le dirigeant israélien.
Les relations entre l’Iran et les Etats-Unis ne cessent de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui s’est retiré unilatéralement de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 et a renforcé les sanctions économiques contre la République islamique. Par la suite, les américains avaient décidé de classer le corps des Gardiens de la Révolution (branche de l'armée iranienne) sur leur liste noire des «organisations terroristes». Ce à quoi Téhéran avait répondu en considérant à son tour les troupes américaines au Moyen-Orient (CENTCOM) comme des «groupes terroristes». Après l’attaque des deux pétroliers en mer d’Oman, Washington a immédiatement accusé l’Iran, présentant des preuves jugées comme faibles et inexploitables par bon nombre d’experts. La république islamique à de son côté assuré qu’elle n’avait aucune responsabilité dans le plastiquage des deux pétroliers, alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe était en visite en Iran.
Le 1er juin dernier, les Etats-Unis avaient également procédé à des exercices militaires dans le ciel et en mer au large de l’Iran déployant un bombardier stratégique B-52 ainsi qu’un porte-avion de leur flotte dans le golfe. Les forces armées américaines avaient évoqué des «opérations de simulation de frappe» afin d’envoyer «un message clair et indubitable au régime iranien». Le secrétaire américain à la Défense, Patrick Shanahan, cité par Reuters, a annoncé le 17 juin le déploiement prochain d'environ un millier de soldats supplémentaires au Moyen-Orient, faisant peser la menace d’un conflit depuis plusieurs mois maintenant.
Alexis Le Meur
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