«Comme un caniche mouillé» : BHL pris pour cible par le Spiegel et le Canard enchaîné
La pièce Looking for Europe de Bernard-Henri Lévy ne fait pas l'unanimité. Der Spiegel n'hésite pas à brocarder l'écrivain, et le Canard révèle que plusieurs chaînes sont prêtes à financer un documentaire sur la tournée, à hauteur de 730 000 euros.
Rien ne va plus au royaume de Bernard-Henri Lévy. Si en 2016, il pouvait se targuer des éloges de la presse pour son film Peshmerga, trois ans plus tard, certains médias ne se privent plus de l'égratigner. En cause : sa nouvelle pièce intitulée Looking for Europe («A la recherche de l'Europe»).
Le 30 avril dernier, le Canard enchaîné a épinglé l'intellectuel médiatique en révélant la générosité de plusieurs diffuseurs prêts à mettre la main à la poche pour financer un documentaire qui «immortalisera la tournée». D'après l'hebdomadaire satirique, Canal Plus a mis au pot quelque 300 000 euros, France 3, 230 000 euros, et Arte, chaîne qui fait l'éloge de la construction européenne, 200 000 euros.
Donc selon @canardenchaine, nous, Français, avons financé la pièce de BHL vantant l'UE et Macron via les subventions aux grandes chaines.
— Critique de la Raison Européenne (@CRE_SciencesPo) 7 mai 2019
Avec un conflit d'intérêts puisque BHL préside le conseil d'@ARTEfr...
Une explication sur cette dépense @France3tv@ARTEfr@canalplus ? pic.twitter.com/m7SSZuCdwO
Coup de bec supplémentaire, le Canard enchaîné fait remarquer au passage que Bernard-Henri Lévy préside le conseil de surveillance d'Arte, sous-entendant une forme de conflit d'intérêts. «On n'est jamais si bien surveillé que par soi-même», ironise le palmipède.
Il bégaie, bute sur les mots, incapable de retrouver le bon
Mais les critiques du dramaturge, cofondateur de SOS Racisme et avocat de l'intervention occidentale en Libye, ne s'arrêtent pas là. Le 3 mai dernier, l'hebdomadaire Courrier international (Groupe Le Monde) relayait une critique au vitriol parue presque un mois plus tôt dans le magazine allemand Der Spiegel.
De fait, l'auteur de ce compte-rendu, Arno Franck, n'y va pas avec le dos de la cuillère. «Quelque part au milieu du deuxième acte, l’homme perd soudain le fil. Il bégaie, bute sur les mots, incapable de retrouver le bon. Il bredouille, cafouille, se corrige mais il est déjà trop tard», rapporte-t-il, allant jusqu'à comparer le philosophe à un «caniche mouillé». «Le lendemain matin, Bernard-Henri Lévy est encore tout ébouriffé par la déconfiture de la veille [...] il affiche une mine fatiguée. "Vous avez vu ? Le cauchemar de tous les acteurs : je n’avais plus de texte !», assène Arno Franck. Et d'ajouter que le trou de mémoire de Bernard-Henri Lévy aurait été dû à une panne de son prompteur, «dissimulé dans son ordinateur portable», obligeant une assistante à lui tendre une version papier.
Art de la fake news
En réponse, le site de Bernard-Henri Lévy, La règle du jeu, est monté au créneau pour dénoncer une «critique paresseuse» et un «art de la fake news». «Passons sur l’étrange parti-pris du Courrier International qui, parmi les dizaines et les dizaines d’articles consacrés à la tournée de BHL a choisi de ne reproduire que celui-là», proteste l'auteur du texte. «Monsieur Frank s’étend ensuite longuement sur BHL qui "bégaie", "bredouille", "cafouille". Oui mais voilà : c’est l’exact sujet de la pièce : un auteur qui, à voix haute, tente d’écrire un discours», plaide-t-il encore.
Le public aurait-il encore mal compris le concept ? En 2014, la pièce presque éponyme Hôtel Europe – dont Looking for Europe est le prolongement – devait s'arrêter prématurément. «Faute de spectateurs», notait alors France Info.
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