Internet russe souverain : que prévoit la nouvelle loi signée par Vladimir Poutine ?

Internet russe souverain : que prévoit la nouvelle loi signée par Vladimir Poutine ?© Stringer Source: Reuters
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En novembre 2019 loi sur l'«internet durable», entrera en vigueur en Russie. Décriée par l'opposition comme un projet de contrôle, la loi vise d'abord à assurer l'indépendance technique de l'internet russe vis-à-vis de l'étranger.

Le 1er mai, le président russe a signé la loi sur l'«internet durable» après son vote par les deux chambres du Parlement russe. La loi vise à protéger la Russie des menaces informatiques, et à garantir la souveraineté russe, notamment en obligeant les sites russes à utiliser des serveurs informatiques eux-aussi hébergés en Russie. Soit la volonté de jouir d'une indépendance complète concernant la possession des «tuyaux».

La question de la souveraineté de la Russie sur internet continue d'alimenter les critiques les plus diverses. Plusieurs milliers de personnes sont descendues en mars dernier dans la rue pour protester contre un projet de loi visant à doter le pays d'un internet indépendant.

Pourquoi cette loi ?

Loin d'y voir un enjeu d'indépendance et de garantie, les opposants à ce projet lui reprochent de vouloir isoler la Russie du reste du monde. Pour autant, la nouvelle loi, qui entrera en vigueur au 1er novembre 2019, ne s'appliquera qu'en cas de graves menaces. Il s'agit également de protéger les données personnelles des internautes russes qui, jusqu'ici, pouvaient dépendre de géants de l'internet, souvent situés aux Etats-Unis. 

Qui va contrôler ?

La mise en œuvre de la loi sera confiée à Roskomnadzor, l'agence de supervision des communications et des technologies de l'information russe. Le président de cette autorité administrative, Alexandre Jarov s'est félicité de la prochaine entrée en vigueur de la loi. D'après lui, la Russie est ainsi prête à affronter les cyberattaques les plus sophistiquées contre le «Runet».

Tout comme l’arme nucléaire dont disposent certains pays, celle-ci sera «en mode veille»

Ce terme désigne de façon large et informelle l'écosystèmes des sites internet que les utilisateurs russophones utilisent, comme par exemple, le réseau social VKontakte (VK), très populaire en Russie, équivalent de Facebook en Occident. «Le projet de loi est absolument nécessaire, car il ne s'agit pas […] d'éteindre internet, mais de protéger le segment national d'un réseau de télécommunication public et internet», avait-il déclaré le 16 avril alors que la Douma venait d'adopter la loi. «C’est une arme solide, mais j’espère que tout comme l’arme nucléaire dont disposent certains pays, celle-ci sera "en mode veille"», avait-il ajouté, soulignant à la fois l'importance du dispositif prévu ainsi que le caractère exceptionnel de son application.

Qui est concerné ?

La loi devra être appliquée par tous les opérateurs de télécommunications, dont les fournisseurs de service internet (FAI), ainsi que les propriétaires d'Internet exchange points (IXP ou points d’échange internet), des infrastructures physiques permettant aux FAI d'échanger du trafic de données.  Les propriétaires de lignes de communication traversant la frontière de la Russie seront aussi concernés.

Va-t-on vers une censure d'internet comme en Chine ?

Visant à affranchir la Russie du risque d'une ingérence étrangère dans l'internet russe – et donc d'une censure non pas de la part des autorités russes mais d'acteurs globaux, le projet a soulevé des inquiétudes, avec comme épouvantail le contrôle que la Chine exerce sur son internet.

 

D'après le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, la Russie n'imposera pas de telles restrictions. La loi ne s'appliquerait qu'en cas de force majeure, comme par exemple une coupure d'internet depuis l'étranger, et non pas au quotidien, comme en Chine. «Bien sûr, nous n'aurons pas de telles dispositions», a-t-il martelé le 26 avril dernier lors d'un direct sur VKontakte, ajoutant qu'aucune technique, comme celle des pare-feux utilisée en Chine, n'empêcherait les internautes russes de consulter des sites étrangers.

«Nous devons protéger nos intérêts. Pas tant en nous déconnectant mais plutôt en faisant en sorte de ne pas être déconnecté. Après tout, internet n'est pas seulement un flux d'informations médiatiques, a argumenté le Premier ministre. C'est aussi une somme énorme de technologies, c'est un internet de l'industrie, de la médecine.» Et de s'interroger, comme pour expliquer qu'il s'agit de s'assurer de l'infrastructure et en aucun cas du contenu véhiculé sur internet : «Et si, à un moment donné, nous nous retrouvons coupés d'un autre monde ?»

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