Fake news ? Aucune trace d'ingérence dans le mouvement des Gilets jaunes, admet Facebook
Emmanuel Macron avait, selon Le Point, évoqué une «manipulation des extrêmes, avec le concours d'une puissance étrangère». Après trois mois d'enquête interne sur la prétendue ingérence, un responsable de Facebook rapporte avoir fait chou blanc.
Comme pour toute fake news qui se respecte, le démenti fera-t-il couler moins d'encre que les accusations ? Le 4 avril, le directeur de la cybersécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher a concédé, dans un entretien au journal Le Monde, que le réseau social (l'un des principaux moyens d'organisation des Gilets jaunes) n'avait pas trouvé trace d'ingérence étrangère dans le mouvement. Facebook a pourtant enquêté en interne durant trois mois, comme le rappelle le quotidien.
Si Nathaniel Gleicher a fait savoir que des acteurs avaient pu, comme lors de chaque mouvement politique, tirer profit de la contestation pour propager des «discours clivants», le cadre de Facebook explique : «Mais savoir si nous avons détecté quelque chose d’inauthentique dans le mouvement en lui-même, c’est une question différente et nous n’avons rien repéré sur ce point. Nous n’avons rien vu d’inauthentique dans le mouvement. Nous continuons à surveiller la situation, puisque notre travail consiste justement à repérer ce genre d’activité.»
En des termes plus triviaux, le géant des réseaux sociaux n'a pu démasquer de page gérée en sous-main par l'étranger visant à influencer la mobilisation du mouvement citoyen, qui manifeste pour le 21e samedi consécutif dans toute la France ce 6 avril.
#Macron : la médiatisation des #Giletsjaunes, «manipulation» appuyée par une «puissance étrangère»
— RT France (@RTenfrancais) 1 février 2019
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La Russie derrière les Gilets jaunes ? Itinéraire d'une fake news
En février, le président de la République lui-même aurait pourtant, selon des propos rapportés par le journal Le Point, souligné le rôle joué par une «puissance étrangère» dans la médiatisation du mouvement des Gilets jaunes.
«Le président de la République pointe la responsabilité des médias, leur "naïveté" face à ce qu'il considère comme une manipulation des extrêmes, avec le concours d'une puissance étrangère», rapportait ainsi le journaliste Emmanuel Berretta, évoquant des propos qui auraient été prononcés par Emmanuel Macron dans le cadre d'une «conversation libre» avec des journalistes dans son bureau.
Le Point se fait plus explicite : «La Russie de Poutine, à travers Russia Today ou Sputnik, affleure dans son discours.»
«La communication officielle ou celle de tous les mouvements traditionnels, elle est très peu active, très peu relayée. Les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C'est Russia Today, Sputnik, etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur internet, ce n'est plus BFM qui est en tête, c'est Russia Today», aurait encore accusé Emmanuel Macron, selon la même source.
Pourtant Mediapart rappelle que, dès le 16 décembre, le Journal du Dimanche publiait le témoignage d’«un cadre des services de renseignement » assurant que «la DGSE et la DGSI n’[avaient] pour le moment pas réussi à documenter une implication directe des services russes dans la diffusion de fausses informations ou de rumeurs complotistes dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes».
«La DGSI et la DGSE n’auraient toujours pas trouvé la moindre trace d’ingérence russe», confirmaient des témoignages recueillis par Mediapart.
Début décembre, Le Parisien révélait que le secrétariat général à la défense nationale français (SGDSN) avait lancé des vérifications, suspectant l'apparition de faux comptes sur les réseaux sociaux, destinés à amplifier la contestation des Gilets jaunes. Quelques jours avant cette révélation, le journal britannique The Times, citant une analyse de la société de cyber-sécurité New Knowledge, faisait état de la présence sur la toile de faux comptes «liés à la Russie» cherchant à attiser le mouvement.
Chou blanc en ce qui concerne Facebook.