Après presque un mois d'une contestation massive, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce 11 mars qu'il renonçait à briguer un cinquième mandat. La tenue de l'élection présidentielle, initialement prévue pour le 18 avril, a été dans la foulée reportée sine die.
Conséquence immédiate de cette décision : Abdelaziz Bouteflika reste pour l'heure au pouvoir. Le gouvernement actuel va toutefois faire l'objet d'un remaniement, tandis que le Premier ministre Ahmed Ouyahia a présenté sa démission, d'après l'agence Reuters. Il sera remplacé par le ministre de l'Intérieur Nourredine Bedoui.
Une nouvelle Constitution soumise à référendum
Un message à la nation d'Abdelaziz Bouteflika, publié par l'agence de presse publique APS, précise que la présidentielle aura lieu dans le prolongement d'une conférence nationale, dont l'objet serait de réformer le système politique. Il est également question d'élaborer un projet de Constitution avant la fin 2019. Celle-ci sera soumise à un référendum. «Cette nouvelle République et ce nouveau système seront entre les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l’Algérie de demain», a fait savoir le chef d'Etat dans ce même message.
L'annonce a suscité des scènes de liesse dans le centre d'Alger.
Dans le communiqué, le chef d'Etat assure : «Il n'y aura pas de cinquième mandat et il n'en a jamais été question pour moi.» L'agence de presse publique APS annonçait pourtant le 10 février qu'il était candidat à un cinquième mandat successif.
Manifestations pacifiques
La perspective d'un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans de pouvoir, a déclenché des manifestations massives en Algérie, toutefois marquées par leur pacifisme. Le 8 mars, le président Bouteflika avait communiqué un message, lu en son nom par la ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, Houda-Imane Feraoun : «Nous avons enregistré, il y a quelques jours, la sortie de nombre de nos concitoyens et concitoyennes, à travers les différentes régions du pays, afin d’exprimer pacifiquement leurs opinions, et nous nous félicitons de cette maturité de nos concitoyens, y compris de nos jeunes, et du fait que le pluralisme démocratique, pour lequel nous avons tant milité, soit désormais une réalité palpable.»
Début mars, Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans et victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, avait déjà tenté de désamorcer la crise en promettant de ne pas servir la totalité de son mandat de cinq ans dans l'hypothèse où il serait réélu.
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