Siège de l'UE à l'ONU, porte-avions européen... les propositions de la dauphine de Merkel
Annegret Kramp-Karrenbauer, la patronne de la CDU, a publié une tribune après celle d'Emmanuel Macron. Elle y présente ses idées pour l'Union européenne... pas toujours en accord avec celles défendues par le président français.
L'initiative d'Emmanuel Macron d'adresser une tribune aux Européens, à deux mois des scrutin européen, a fait des émules. Outre-Rhin, la dauphine d'Angela Merkel – la patronne du parti chrétien-démocrate CDU de la chancelière – a livré à son tour ses idées pour l'avenir de l'Union européenne (UE), dans une tribune traduite en français et publiée le 9 mars.
Si Annegret Kramp-Karrenbauer, dite «AKK», est sur la même longueur d'onde que le président français sur l'«urgence» à agir, devant ce qu'elle appelle les «invectives des populistes» ou sur l'idée de rendre l'Union européenne «plus forte», un désaccord de longue date dans le couple franco-allemand transparaît dans cette publication.
Nous devons demeurer transatlantiques tout en devenant plus européens
Car bien qu'elle souscrive à l'idée de mise en place d'un «Conseil européen de sécurité intégrant les Britanniques» proposée par Emmanuel Macron dans sa tribune, AKK souhaite l'associer à une revendication ancienne de l'Allemagne : l'existence d'un «siège commun permanent au Conseil de sécurité de l'ONU». La femme politique allemande ne précise pas s'il s'agirait, pour elle, de remplacer le siège de la France ou d'ajouter un siège de l'UE à celui-ci. «Nous devons demeurer transatlantiques tout en devenant plus européens», fait-elle valoir.
La France, de son côté, défend l'idée d'un siège allemand au Conseil de sécurité en plus du français. «[Il n’est] pas question d’un quelconque partage de notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU», martelait encore en janvier dernier le ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau.
Pas de salaire minimum européen ni de mutualisation des dettes
Autre différence de vision : le refus par AKK de la mise en place d'un «salaire minimum» et d'un «bouclier social» communs défendus par Emmanuel Macron. «Le centralisme européen, l'étatisme européen, la communautarisation des dettes, l'européanisation des systèmes de protection sociale et du salaire minimum seraient la mauvaise voie», écrit ainsi la femme politique qui semble entendre rester maître chez elle pour la politique sociale.
La patronne de la CDU affiche aussi plusieurs ambitions pour faire exister l'Union Européenne aux yeux de ses citoyens. Elle propose notamment de limiter le Parlement européen à son bâtiment de Bruxelles – actuellement, les séances plénières du Parlement se tiennent à Strabsourg, tandis que celles additionnelles et les commissions ont lieu dans la capitale belge.
Enfin, sur le plan stratégique, AKK propose la création d'un porte-avion européen pour «souligner le rôle de l'Union européenne dans le monde en tant que puissance garante de sécurité et de paix». Une idée spécifique qui n’apparaît pas dans la tribune européenne d'Emmanuel Macron.