Troll : l'hôpital de Genève assailli d'appels d'Algériens à la recherche de Bouteflika (VIDEOS)
Les Hôpitaux universitaires de Genève se souviendront longtemps de la journée du 5 mars. Ils ont en effet été submergés d'appels d'Algériens demandant des nouvelles de leur président qui serait soigné dans cet établissement.
C'est une journée que les standardistes des hôpitaux universitaires de Genève ne risquent pas d'oublier. De très nombreux Algériens se sont en effet donné le mot pour inonder d'appels le standard de l'établissement hospitalier suisse où serait soigné leur président Abdelaziz Bouteflika. Si l'on en croit une des standardistes enregistrée par un internaute, ce seraient des milliers d'appels qui ont été reçus au cours de la journée du 5 mars.
Beaucoup d'appelants ont enregistré leur conversation, teintées d'humour, avec les standardistes et les ont publiées sur Facebook. «Je suis à la recherche d'un malade qui s'appelle Abdelaziz Bouteflika. Tout le peuple algérien le cherche», dit par exemple cet internaute à la standardiste genevoise.
«Cette personne ne figure pas dans la liste de données des patients que je peux consulter», répond inlassablement la standardiste à chacun des appels.
Cet autre internaute dit souhaiter passer un message au président Bouteflika : «S'il vous plaît, dites-lui qu'il vienne en urgence, il y a un match très important, il doit venir pour nous donner la coupe d'Algérie» et de conclure en arabe, «Madame, embrassez-le très fort».
Un autre appelant a choisi un drôle de scénario. «Bonjour, c'est la pizzeria Pizza hut de Didouche Mourad, annonce-t-il. On a livré quatre pizzas au 8e étage mais ça n'a pas été réglé». «Elle est pas mal celle-là», répond du tac au tac le standardiste en riant. Bon, je vois que vous appelez d'Algérie, si c'est à propos du président Bouteflika, je ne sais pas du tout, je n'ai pas cette information». Insistant, l'homme au bout du fil explique qu'«ils doivent payer les quatre pizzas sinon, il n'y aura pas de de cinquième pizza». Le standardiste au bout du fil éclate alors de rire comprenant l'allusion au cinquième mandat présidentiel brigué par Abdelaziz Bouteflika.
Surchargé d'appels, l’établissement médical helvétique a fini par diffuser un message vocal pour tenter de faire face à l'afflux : «Pour des raisons de surcharge, nous ne pouvons pas répondre à votre appel. Les Hôpitaux universitaires de Genève ont pour mission de soigner et ne peuvent communiquer ni sur l'identité ni sur l'état de santé des patients.»
Depuis l’annonce officielle le 10 février de la candidature du président algérien à sa propre succession, l’Algérie est le théâtre d’importantes manifestations. La perspective d’un cinquième mandat du chef de l’Etat est en effet loin de susciter l’unanimité au sein de la population. Son état de santé, qui s'est considérablement dégradé depuis un AVC en 2013 qui le cloue à un fauteuil roulant, laisse planer le doute sur sa capacité réelle à gouverner le pays.
Meriem Laribi