Retrait des Etats-Unis de Syrie : Ankara s'impatiente et pointe les «difficultés» de Washington
Après le retrait annoncé des troupes américaines de Syrie, Washington tente encore de poser des conditions, et notamment celle de la protection des Kurdes. Face à ces atermoiements, Ankara souhaite coordonner son action avec la Russie et l'Iran.
La décision du président des Etats-Unis de retirer les troupes américaines de Syrie, annoncée le 19 décembre dernier, continue de rebattre les cartes entre les différents belligérants. Ce 9 janvier, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a joué sa carte, pressant encore un peu plus les Etats-Unis à laisser leur place. «Les Etats-Unis rencontrent certaines difficultés lors du retrait de leurs troupes de Syrie», a-t-il noté lors d'une interview accordée à la télévision turque. «Nous voulons coordonner ce processus avec la Russie et l'Iran», a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie turque a en outre rappelé qu'il inscrivait son action dans le cadre du processus de paix d'Astana, mis en œuvre en janvier 2017, dont Téhéran, Moscou et Ankara se sont portés garants et dont Washington est absent. Mevlut Cavusoglu a en outre fait part du souci de la Turquie de faire en sorte que les groupes terroristes ne «prennent pas la place vacante».
Aux Etats-Unis, où le sommet de l'Etat paraît subir l'influence de forces contraires, le département de la Défense tente, depuis l'annonce de Donald Trump, de poser des conditions au retrait américain. Le 6 janvier dernier, le conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, avait lié le retrait des Etats-Unis au sort des milices kurdes présentes en Syrie, au premier rang desquelles les Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara considère comme une menace pour sa sécurité nationale.
Redoutant d'être abandonnés par leur allié, ainsi qu'une offensive turque dans la région de Manbij au Nord de la Syrie, les Kurdes avaient fait appel à l'armée gouvernementale syrienne la semaine précédant les propos de John Bolton, infligeant du même coup un véritable camouflet à Washington. Le 8 janvier, la police militaire russe s'est jointe aux forces armées syriennes pour patrouiller dans cette même zone, semblant mettre les Etats-Unis hors-jeu.
Alexandre Keller