«Bombe démographique» : au Tchad, Emmanuel Macron récidive sur la natalité en Afrique
Le chef de l'Etat, qui avait fait polémique en déplorant que des pays aient «sept à huit enfants par femme», a réitéré sa position au Tchad. Devant des associations féministes, il a martelé que l’explosion démographique menaçait l'économie africaine.
Emmanuel Macron s'est rendu ce 23 décembre à la Maison de la femme située dans la capitale du Tchad, N’Djamena. Il avait rendu visite, la veille, à 900 soldats français déployés dans le pays dans le cadre de l’opération Barkhane.
Devant 400 Tchadiennes engagées pour la cause féminine, le chef de l’Etat a entamé son discours en affirmant que le continent africain ne pouvait pour l’heure se développer durablement sur le plan économique en raison de sa forte démographie : «Au début de mon mandat, j'ai beaucoup choqué en disant qu'il y a une bombe démographique en Afrique parce que le taux de natalité, tel qu'on le voit aujourd'hui, n'est pas soutenable. Parce que l'Afrique est en train de progresser à un rythme démographique que les économies ne pourront pas absorber. Derrière, il y a une déscolarisation des jeunes filles et des mariages forcés [...] Dans la stratégie à laquelle je crois profondément, il y a l’autonomisation des femmes.»
Assurant que la France continuerait à contribuer financièrement aux différents programmes permettant notamment l’alphabétisation des jeunes filles tchadiennes, le président de la République a néanmoins affirmé que la réalisation de cet objectif était tributaire d’un «changement culturel». «Si les mamans ne sont pas convaincues que l'avenir de leur fille est dans l'éducation, c'est fichu. C'est à vous de leur dire», a-t-il estimé. Il a par ailleurs promis 10 millions d'euros supplémentaires pour soutenir la Maison de la Petite Entreprise, incubateur qui soutient des projets entrepris pour les deux-tiers par des femmes.
La démographie africaine, une obsession chez Emmanuel Macron ?
Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron a fait part de ses inquiétudes concernant la démographie africaine. Au cours d’une interview accordée à France24 en juillet alors qu’il était en visite officielle au Nigeria, il avait alors déclaré : «Quand vous êtes un pays pauvre où vous laissez la démographie galopante, où vous avez 7-8 enfants par femme, vous ne sortez jamais de la pauvreté, parce que même quand vous avez un taux de croissance de 5% ou 6%, vous n'arrivez jamais à en sortir tant que la concentration de la richesse ne se fait pas bien.»
En juillet 2017, en marge du G20, le locataire de l’Elysée avait usé de termes quasi-similaires alors qu’il évoquait le défi «civilisationnel» du continent africain. «Quand des pays ont encore aujourd'hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien», avait-il affirmé.
Les liens entre surpopulation et sous-développement avaient fait l'objet de travaux universitaires qui, comme le note Libération, tendent plutôt à prouver que le second est la cause de la première.