La Russie condamnée par la CEDH pour des arrestations «arbitraires» d'Alexeï Navalny
La Cour européenne des droits de l'homme devait se prononcer le 15 novembre à la demande de l'opposant Alexeï Navalny qui avait interrogé les 17 juges européens de la grande chambre sur les «motivations politiques» de ses arrestations à répétition.
La Cour européenne des droits de l'homme a tranché. Elle a reconnu les «arrestations illégales» et les «privations de liberté arbitraires», dénoncées par l'opposant Alexeï Navalny devant les juridictions russes avant de saisir la Cour de Strasbourg.
Le «mobile politique sous-jacent à ses arrestations représentait un "aspect fondamental" de l'affaire», deux de ces arrestations visaient «en réalité à étouffer le pluralisme politique» en Russie, a déclaré la Cour.
Alexeï Navalny avait interrogé les 17 juges européens composant la grande chambre sur les «motivations politiques» de ses arrestations à répétition. Il a produit cinq requêtes entre 2012 et 2014.
Entre 2012 et 2014, il a été arrêté sept fois à des rassemblements et poursuivi soit pour violation de la loi sur les rassemblements publics, soit pour désobéissance à un ordre de la police.
Le 14 novembre, l'opposant a été autorisé à gagner Strasbourg en vue de la décision de la Cour après avoir été bloqué au contrôle des passeports dans un aéroport de Moscou le 13 novembre.
Alexeï Navalny au cœur de controverses
Comme l'avait souligné le blogueur Olivier Berruyer, animateur du site Les Crises en mars 2018, à quelques jours de l'élection présidentielle russe, Alexeï Navalny bénéficie en fait de nettement moins de soutien, au sein de l'opposition russe, que les dirigeants de l'extrême droite et du parti communiste. Loin d'être un opposant numéro 1, il apparaît plutôt comme une figure secondaire de la scène politique russe, bien plus médiatisé en Occident que dans son propre pays.
Alexeï Navalny prend régulièrement la parole pour dénoncer la corruption régnant selon lui en Russie, un thème dont il a fait son principal cheval de bataille. En 2010, il diffuse des documents accusant l'entreprise énergétique russe Transneft de détournement de fonds et se fait de plus en plus présent sur internet. En 2011, il qualifie en outre le parti au pouvoir Russie unie, de «parti des voleurs et des escrocs», une formule qui deviendra un slogan pour ses partisans.
Pourtant, si l'opposant a recentré son discours, l'AFP omet un autre aspect de sa biographie : sa proximité avec l'extrême-droite. Dans une vidéo qui verse dans l'humour noir et le racisme, Alexeï Navalny explique ainsi comment lutter efficacement contre les insectes, les cafards... et les Tchétchènes.