«Navrée du chaos» : les flops de l'exercice militaire «Trident Juncture 18» de l'OTAN
A quelques centaines de kilomètres de la frontière russe, la Norvège accueille Trident Juncture 18. Par cet exercice de grande ampleur, l'OTAN entendait bien démontrer toute sa puissance. Or, les débuts ont été marqués par une série de déconvenues.
Entamé le 25 octobre 2018 en Norvège, l'exercice «Trident Juncture 18» constitue les plus grandes manœuvres militaires de l'OTAN depuis la Guerre froide. Non loin de la frontière russo-norvégienne, l'alliance atlantique entendait bien montrer à la face du monde l'efficacité de ses forces à venir à la rescousse d’un de ses membres en cas d'agression par un autre Etat.
Mais qui pourrait venir à la rescousse de l'OTAN lorsque l'alliance militaire enchaîne elle-même les mésaventures ? En effet, les débuts de cet exercice, qui se poursuivra pendant plusieurs semaines, ont été marqués par de légers imprévus, comme l'a rapporté un journaliste de l'AFP présent sur place.
Appareil non-identifié, flotte américaine endommagée, manque de kérosène...
Selon le témoignage, les trafics aériens civil et militaire ont ainsi été paralysés plusieurs minutes après le décollage d'un hélicoptère Seahawk. La cause ? Le contrôle aérien avait détecté un «intrus» qui s'avérera finalement ne pas en être un... «Il se trouve que c'était nous», a confié à l'AFP un officier de bord dans un éclat de rire.
Autre couac remarqué, la flotte américaine de navires amphibies participant à l'exercice a dû être amputée d'une de ses unités : ses chalands de débarquement ont été endommagés par une mer houleuse au large de l'Islande...
Les mésaventures otanesques ne se sont pas arrêtées là, n'épargnant pas les journalistes qui avaient déjà difficilement commencé leur mission. Pour cause, l'équipage de l'avion venu les chercher dans la ville de Trondheim en Norvège ne disposait pas de liste préalable des passagers... Résultat : une interdiction d'embarquer qui sera levée après ce que l'AFP décrit comme «d'interminables palabres».
Les tribulations des reporters se poursuivent ; alors qu'ils arrivent à distance raisonnable du navire américain de commandement USS Mount Whitney pour le prendre en photo, l'appareil effectue un demi-tour, annulant ainsi la visite prévue du navire, celui-ci ne pouvant accueillir les journalistes pour cause de «problèmes de moteur». Frustrés, les journalistes doivent se faire une raison. Alors que l'appareil se dirige vers l'aéroport, le kérosène vient à manquer ; l'équipage est contraint de faire le plein en urgence. Manœuvre qui s'effectuera sur un autre navire, dont il s'avérera difficile de repartir, comme l'explique l'agence de presse française.
«Navrée du chaos», s'est excusée la chargée de presse de l'OTAN auprès des journalistes.
«Trident Juncture 18» : contexte et enjeux
Au-delà de ces flops internes, les manœuvres de l'OTAN, qui réunissent 50 000 soldats, 65 navires et 250 aéronefs de 31 pays en Norvège, rencontrent également un obstacle externe, à savoir l'opposition d'une partie de la population. Le 27 octobre 2018, plusieurs centaines de personnes ont ainsi manifesté à Oslo contre un tel événement militaire à proximité de la frontière russe, appelant par ailleurs à dialoguer avec Moscou.
L'opération «Trident Juncture 18» intervient plus d'un mois après «Vostok-2018» («Est 2018» en russe), exercice militaire correspondant aux manœuvres les plus grandes de l'histoire de la Russie, entamées le 11 septembre dans l'est du pays et auxquelles ont participé les armées chinoise et mongoles. Ces manœuvres survenaient elles-mêmes après de nombreux déploiements de troupes de l'OTAN dans les pays baltes.
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