Attentat déjoué en Allemagne : les djihadistes comptaient s'infiltrer en épousant des Allemandes
Un couple emprisonné en Syrie a révélé que Daesh préparait en 2017 un attentat de grande ampleur contre un festival en Allemagne. Les terroristes comptaient entrer sur le territoire en toute légalité, en se mariant avec des Allemandes.
Comment un combattant de Daesh en Syrie peut-il envisager de pénétrer l'Allemagne afin d'y perpétrer des attentats sanglants ? Le groupe terroriste aurait envisagé la voie légale, plus fiable et plus efficace. La presse allemande a en effet révélé que l'organisation djihadiste avait planifié d'introduire certains de ses membres en les mariant à des femmes complices, de nationalité allemande et vivant sur le territoire.
IS-Kämpfer: Miliz plante Anschlag in Deutschland https://t.co/gGU2kQ7cXo
— Hania Wiatrek (@haniawiatrek) 18 octobre 2018
Ces révélations ont été obtenues par le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung et la chaîne de télévision allemande NDR auprès d'un couple de djihadistes, Öguz G. et Marcia C., originaires d’Allemagne du nord, actuellement détenus dans le nord de la Syrie par les forces kurdes. Tous deux ont avoué avoir participé, en 2016 ou 2017, aux préparatifs d'un attentat de grande ampleur en Allemagne sur le modèle des attaques terroristes de Paris ou de Bruxelles. La police allemande, qui a laissé filtrer peu d'informations sur les lieux visés, a évoqué qu'un festival de musique était notamment ciblé.
Des Allemandes à marier pour faire entrer les terroristes
A la manœuvre, on retrouve la cellule des «opérations extérieures» de Daesh. «On m’a demandé si je connaissais deux femmes prêtes à se marier en Allemagne, histoire de ne pas éveiller les soupçons… Ce n’est qu’ensuite que l’on m’a mis au courant», a confié aux journalistes Öguz G. depuis sa prison syrienne. Le djihadiste, qui a gagné la Syrie en 2015, joue aujourd'hui la carte de la repentance. «J'ai glissé dans cette histoire», a-t-il déclaré, expliquant avoir tenté «de sortir sans dommages» du plan macabre.
Les deux hommes formant le premier commando devaient modifier leur apparence à l'aide de greffes de cheveux et de chirurgie esthétique du nez. Ils devaient aussi ingérer des complément alimentaires pour prendre du poids. Mais ces deux terroristes, interceptés en Turquie, n'ont jamais pu atteindre l'Allemagne. Le second commando devait se rassembler autour d'un Allemand répondant au nom de guerre d'Abu Qaaqa. L'homme avait reçu pour instruction de se raser la barbe, de boire de l'alcool et de se tatouer, afin de tromper son monde et ne pas afficher les attributs habituels d'un fondamentaliste religieux. Il y a peu d’éléments sur la troisième cellule.
Marcia C. devait quant à elle sélectionner des jeunes femmes allemandes prêtes à se marier dans la sphère salafiste. Parmi les trois recrues figurait en réalité... une taupe qui a conduit les services secrets à placer le réseau sous surveillance dès le début de la manigance. «Nous avons été informés des plans de cette opération à un stade précoce, ce qui nous a permis d'engager une procédure pénale dès octobre 2016», a précisé le procureur général allemand, Peter Frank.
Mais selon le Süddeutsche Zeitung, la situation en Syrie a joué contre les djihadistes. Les trois individus sommés de se marier et de commettre les attentats ont dû se rendre sur le front. Marcia a envoyé un message à ses contacts en Allemagne début 2017 : le «paquet est occupé à tirer».
Le funeste projet s'est avéré de plus en plus difficile à monter au fil de la débâcle de Daesh. Au cours de l'année 2016, alors que l'organisation terroriste commençait à voir ses prétentions territoriales sérieusement menacées, ses dirigeants ont décidé de faire passer le projet d'attentat au second plan. En 2017, Daesh fut anéanti, mais plusieurs milliers de combattants européens, à l'heure actuelle captifs ou en fuite, représentent toujours une menace potentielle pour l'Occident.
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