Syrie, Ukraine, dialogue de Trianon : Lavrov optimiste quant aux relations franco-russes
Lors d'un entretien exclusif avec trois médias français dont RT France, le ministre russe des Affaires étrangères est revenu sur les rapports entre Paris et Moscou. Sans nier que des différends existent, il se montre plutôt confiant pour l'avenir.
Le 12 octobre, le ministre russe des Affaires étrangères a été interrogé en exclusivité par trois médias français, dont RT France. A cette occasion, Sergueï Lavrov a livré sa vision du dialogue franco-russe, à l'aune de trois grands dossiers : la Syrie, l'Ukraine et le dialogue de Trianon.
D'une manière générale, Sergueï Lavrov s'est montré plutôt optimiste. «Nous entendons des critiques à notre égard, selon lesquelles nous ne faisons rien pour surmonter telle ou telle crise», a-t-il assuré. «Mais en même temps nous voyons que le président Macron et son équipe sont intéressés à renforcer le dialogue avec nous : ce dialogue se développe de façon variée, nous sommes complètement ouverts à la coopération, mais il arrive parfois que de bonnes intentions commencent à se réaliser avant de se bloquer», s'est-il réjoui.
Premier aspect du dialogue franco-russe abordé par le ministre des Affaires étrangères : la Syrie. «Nous avons des échanges bilatéraux, au niveau des ministères des Affaires étrangères, des conseillers diplomatiques des présidents, et nous soutenons ce canal de communication qui est assez utile et qui permet l’échange d’informations, de mieux nous comprendre», s'est félicité Sergueï Lavrov à propos du dossier syrien et des échanges qu'entretiennent à son sujet Paris et Moscou. Rappelant la récente initiative humanitaire dans la Ghouta orientale de Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, il s'est montré plutôt optimiste : «Il s’agit d’initiative isolée mais nous sommes prêts à des choses plus actives.»
Pas question toutefois pour le chef de la diplomatie russe de minimiser les différends qui opposent la Russie et la France sur le dossier syrien. «En ce qui concerne la Syrie, il existe ici certainement beaucoup plus de points de convergence dans le traitement de cette crise, pas seulement entre la France et les Etats-Unis, mais disons entre l’Europe et les Etats-Unis», a -t-il expliqué. «On voit agir le groupe fondé à l’initiative du président Macron et intitulé Groupe restreint sur la Syrie [qui] agit sur la base de positions que nous ne partageons pas et qui sont très proches de celles de Washington», a-t-il regretté, évoquant la question du changement de régime en Syrie, leitmotiv de la diplomatie occidentale depuis plusieurs années mais qui «ne s’inscrit pas dans la résolution 2254 de l’ONU», comme l'a souligné Sergueï Lavrov.
Des contacts rapprochés dans le dossier ukrainien
«Nous avons des relations très étroites avec la France dans le cadre du règlement de la crise ukrainienne s’agissant de la stricte application des accords de Minsk, qui sont le fruit du travail en commun des dirigeants russe, français, allemand et ukrainien», a rappelé Sergueï Lavrov.
Cette coopération privilégiée à laquelle Moscou, selon le chef de la diplomatie russe, reste très attaché, passe notamment par le fameux format Normandie. «Dans le cadre de ce format, nous avons une coopération assez étroite, bien qu’il n’y ait pas eu de sommet depuis longtemps, depuis déjà deux ans», a-t-il estimé, avant d'ajouter : «Néanmoins, experts et ministres coopèrent au sein de ce format, y compris la Russie et la France, et il me semble que nous nous comprenons mieux désormais.»
L'importance du dialogue de Trianon
«Nous avons avec la France beaucoup d’autres formes de coopération», a encore souligné Sergueï Lavrov. Il a ainsi rappelé que, peu après son élection, Emmanuel Macron avait invité Vladimir Poutine à Versailles. «A l’issue de cet entretien l’intérêt de normaliser et de développer les relations a été confirmé, et un accord a été conclu pour la création du dialogue de Trianon», a-t-il souligné.
Qualifiant ce cadre d'échanges de «très important», il a estimé qu'il permettait «à la société civile, aux associations, aux ONG, aux scientifiques, aux politologues d’échanger régulièrement». «Il fonctionne déjà, beaucoup de rencontres sont organisées et, autant que je sache, il connaît un grand succès auprès des milieux de la société civile en Russie et en France», a-t-il assuré.
«J’espère que tous les problèmes qui demeurent à l’ordre du jour – dans les relations bilatérales et multilatérales – ils existent et ils sont complexes – pourront être résolus si telle est la volonté de nos deux présidents, et une telle volonté existe», a-t-il encore déclaré.
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