La Turquie accuse Riyad d'avoir assassiné le journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul

La Turquie accuse Riyad d'avoir assassiné le journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul© Osman Orsal Source: Reuters
Un manifestant brandit une photo du journaliste saoudien Jamal Khashoggi lors d'une manifestation devant le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie, le 5 octobre.
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Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien critique du pouvoir, entré dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre est porté disparu. Selon la police turque, il aurait été assassiné à l'intérieur du bâtiment de la représentation diplomatique.

Une intrigue digne d'un film d'espionnage se serait jouée au sein du consulat saoudien d'Istanbul. Selon l'AFP, qui cite une source proche du gouvernement turc, la police a affirmé ce 7 octobre que Jamal Khashoggi, journaliste saoudien critique envers le pouvoir de Riyad, collaborant notamment avecle Washington Post et porté disparu depuis le 2 octobre, avait été tué au consulat saoudien d'Istanbul. «La police estime dans ses premières conclusions que le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée», selon cette même source. Les forces de l'ordre turques avait fait savoir un peu plus tôt qu'un groupe de 15 Saoudiens avait effectué le 2 octobre un aller-retour à Istanbul et se trouvait au consulat saoudien de la ville en même temps que Jamal Khashoggi. Ce dernier n’aurait depuis jamais quitté la représentation diplomatique.

De son côté, Riyad a fermement démenti cette information et assuré que Jamal Khashoggi était parti du consulat après y avoir effectué des démarches. L'agence de presse officielle saoudienne SPA a rapporté ce 7 octobre qu'une équipe d'enquêteurs saoudiens se trouvait en Turquie et travaillait avec les autorités locales.

Une attaque horrible, totalement déplorable et absolument inacceptable contre la liberté de la presse

Dans un entretien à l'agence Bloomberg le 5 octobre, le prince héritier saoudien et dirigeant de fait de l'Arabie saoudite, Mohamed ben Salmane (MBS) assurait déjà que le journaliste n'était pas dans le consulat et se disait prêt à autoriser les autorités turques à «fouiller» les lieux. MBS s'est également dit «très soucieux de savoir ce qui lui [était] arrivé» ajoutant n'avoir «rien à cacher». L'ambassadeur saoudien en Turquie a lui été convoqué par Ankara le 3 octobre et une enquête judiciaire a été ouverte.

Selon la fiancée du journaliste, une chercheuse turque dénommée Hatice Cengiz, Jamal Khashoggi s'était rendu au consulat pour effectuer des démarches administratives en vue de leur mariage, mais n'en est jamais ressorti. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, Hatice Cengiz a réagi sur Twitter en langue arabe affirmant ne pas croire que son fiancé avait été tué et expliquant attendre les informations officielles des autorités.

Critiques de MBS et de la guerre au Yémen

Jamal Khashoggi s'est exilé aux Etats-Unis en 2017 par crainte d'une arrestation, après avoir critiqué certaines décisions de Mohammed ben Salmane et l'intervention militaire de Riyad au Yémen.

Le département d'Etat américain a précisé ne pas être «en mesure de confirmer» le sort de Jamal Khashoggi. A New York, le Comité de protection des journalistes a exprimé son inquiétude et pressé Riyad de s'expliquer. «Les autorités saoudiennes doivent donner immédiatement un compte-rendu complet et crédible de ce qui est arrivé à Khashoggi dans leur mission diplomatique», intime un communiqué de l'organisation.

«Un crime d'Etat d'un autre temps»

Reporters sans Frontières (RSF) a estimé sur Twitter que si les informations selon lesquelles le journaliste avait été tué étaient confirmées, «cela constituerait une attaque horrible, totalement déplorable et absolument inacceptable contre la liberté de la presse». «Il s'agirait d'un crime d'Etat d'un autre temps», a ajouté le 7 octobre sur Twitter le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Avant la publication des informations évoquant l'éventualité de la mort du journaliste, les organisations de défense des droits de l'homme Human Rights Watch et Amnesty International ont mis en garde la monarchie saoudienne, affirmant que l'éventuelle détention du journaliste constituerait un cas de «disparition forcée». En signe de soutien, le Washington Post a décidé de laisser vide l'espace qui aurait dû être occupé par la tribune de Jamal Khashoggi dans son édition du 5 octobre.

L'Arabie saoudite est le 169e pays sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Depuis que Mohamed ben Salmane a pris les commandes du royaume en 2017, Riyad tente de redorer son image internationale concernant les libertés individuelles et collectives. Mais la répression contre les dissidents, avec des arrestations de religieux, de personnalités libérales mais aussi de militantes féministes n'a pas faibli. Jamal Khashoggi, 59 ans, était l'un des rares journalistes saoudiens à élever la voix contre cette répression. 

Le 6 mars, dans un éditorial cosigné avec Robert Lacey dans le quotidien britannique The Guardian, Jamal Khashoggi écrivait : «MBS semble faire bouger le pays d'un extrémisme religieux d'une autre époque vers son propre extrémisme. "Vous devez accepter mes réformes", sans aucune consultation et avec des arrestations et des disparitions de ses détracteurs. Son programme ignore-t-il la plus importante des réformes, la démocratie ?»

Lire aussi : «Vous ne resteriez pas au pouvoir deux semaines sans notre soutien» : Trump prévient le roi Salmane

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