La Russie veut fournir à la Syrie des systèmes de défense anti-aérienne S-300 d'ici à deux semaines
Une semaine après qu'un avion russe a été abattu en Syrie – tragédie dont la Russie tient Israël responsable –, le ministère russe de la Défense a annoncé la livraison à Damas de systèmes de défense anti-missiles S-300.
La Russie a annoncé ce 24 septembre son intention de livrer des systèmes de défense anti-aérienne S-300 à l'armée syrienne, une semaine après le crash d'un avion russe Ilouchine-20 (Il-20) en Syrie, drame dont Moscou a attribué la responsabilité à Israël. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a précisé : «Les forces armées syriennes seront fournies d'ici deux semaines en systèmes modernes S-300.» Ces derniers, selon le membre du gouvernement russe, «sont capables d'intercepter des appareils sur une distance de plus de 250 kilomètres et peuvent frapper en même temps plusieurs cibles dans les airs».
Le président russe Vladimir Poutine a informé directement son homologue syrien Bachar el-Assad de cette décision, lors d'un entretien téléphonique.
Nous sommes convaincus que la réalisation de ces mesures va refroidir les têtes brûlées et empêchera les actes irréfléchis constituant une menace pour nos soldats
La livraison de ces systèmes modernes, prévue par un accord signé en 2010 par Moscou et Damas, n'avait pas eu lieu jusque-là en raison de réserves israéliennes. «En 2013, à la demande d'Israël, nous avions suspendu la livraison des systèmes S-300 à la Syrie, qui étaient prêts à être utilisés», a ainsi rappelé, dans un communiqué, le ministère russe de la Défense. Or, «la situation a changé et cela n'est pas de notre fait», déclare le ministère, en référence à la tragédie du Il-20.
L'armée syrienne disposait, jusqu'alors, de systèmes de défense anti-aérienne S-200, moins avancés. En outre, des S-300 opérés par l'armée russe sont déployés autour de la base navale russe de Tartous en Syrie, tandis que des S-400, encore plus modernes, sont déployés sur la base aérien ne de Hmeinim.
«Refroidir les têtes brûlées» et «empêcher les actes irréfléchis»
«Nous sommes convaincus que la réalisation de ces mesures va refroidir les têtes brûlées et empêchera les actes irréfléchis constituant une menace pour nos soldats», a encore déclaré Sergueï Choïgou.
Pour autant, interrogé sur ses relations avec Israël, le Kremlin a assuré que la décision concernant les S-300 n'était pas dirigée contre un Etat en particulier. Le Kremlin a précisé que ce choix visait, seulement, à accroître la sécurité des forces militaires russes.
Autre annonce : les communications de tout avion voulant frapper la Syrie depuis la mer Méditerranée seront dorénavant brouillées. «La navigation par satellite, les radars de bord et les systèmes de communication de l'aviation militaire attaquant des cibles sur le territoire syrien seront supprimées dans les zones adjacentes à la Syrie en mer Méditerranée», selon le ministre russe de la Défense.
Une décision provoquée par le drame de l'Ilouchine-20
Selon Moscou, la disparition de l'avion russe Il-20 le 17 septembre au soir au-dessus de la Méditerranée, avec 15 membres d'équipage à son bord, résulte d'«une succession de circonstances tragiques» ayant abouti à un tir ami de la défense anti-aérienne syrienne. La Russie considère néanmoins Israël comme responsable de ce drame. Ce 24 septembre, encore, le Kremlin a expliqué la destruction de l'avion russe par les actions «préméditées» des pilotes israéliens.
🔴 #Avion#russe abattu en #Syrie : pour Moscou, «la responsabilité dans la tragédie incombe entièrement à l'Armée de l'air #israélienne»
— RT France (@RTenfrancais) 23 septembre 2018
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«La responsabilité dans la tragédie [...] incombe entièrement à l'Armée de l'air israélienne», avait déjà conclu le porte-parole de la Défense russe, Igor Konachenkov, lors de son compte-rendu des événements le 24 septembre. D'après ce dernier, l'appareil russe a en effet été abattu par le système de défense anti-aérienne syrien alors que des F-16 israéliens s'en servaient comme couverture, pour opérer des frappes sur la province syrienne de Lattaquié.
Selon Igor Konachenkov, l'armée israélienne n'avait pas transmis à son homologue russe les informations exactes concernant la localisation de ses avions et la nature de ses cibles. Tsahal aurait ainsi déclaré s'apprêter à frapper des «sites industriels» dans le nord de la Syrie, avant de finalement réaliser des frappes dans la province de Lattaquié, à l'ouest du pays. «Les informations trompeuses fournies par [l'armée israélienne] à propos des frappes [israéliennes] n'ont pas permis à l'avion russe Il-20 de se déplacer à temps vers une zone sûre», a analysé Igor Konachenkov.