Moscovici s'inquiète de l'existence de «petits Mussolini», Salvini l'invite à «se laver la bouche»
Se sentant visés par le commissaire européen qui, inquiet de la progression du populisme en Europe, a évoqué la possible existence de nos jours de «petits Mussolini», les ministres italiens Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont répliqué avec vigueur.
Le Point Godwin était proche. Lors d'une conférence de presse le 13 septembre, Pierre Moscovici a estimé qu'«aujourd'hui, il exist[ait] un climat qui ressembl[ait] beaucoup aux années 1930». Evoquant la montée de partis populistes et critiques vis-à-vis de l'Union européenne, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires a tenu un discours anxiogène : «Bien sûr, il ne faut pas exagérer, il n'y a heureusement pas de bruits de bottes, il n'y a pas d'Hitler, [mais] des petits Mussolini, ça reste à vérifier.»
Dans son monologue, l'ancien ministre français de l'Economie et des Finances a également semblé s'en prendre à Matteo Salvini, à travers les propos suivants : «[L'Italie est] le pays qui a le ministre le plus nationaliste alors que son pays a plus que tout autre besoin de la solidarité européenne.» L'ancien cadre du Parti socialiste français a en outre qualifié la situation économique de l'Italie de «problème» au sein de la zone euro et a demandé au gouvernement italien un «budget crédible» pour l'année.
Salvini et Di Maio montent au créneau
Qu'il se lave la bouche avant d'insulter l'Italie, les Italiens et leur gouvernement légitime
Il n'en fallait pas moins pour faire réagir le vice-président du Conseil des ministres italien, ministre de l'Intérieur et leader de La Ligue, parti populiste de droite anti-immigration. Matteo Salvini a ainsi rétorqué à Pierre Moscovici dans un communiqué, cité par l'agence Reuters : «Le commissaire européen [Pierre] Moscovici, au lieu de censurer sa France qui rejette les immigrés à Vintimille, qui a bombardé la Libye et qui enfreint les critères européens, attaque l'Italie et parle sans réfléchir de nombreux petits Mussolini en Europe. Qu'il se lave la bouche avant d'insulter l'Italie, les Italiens et leur gouvernement légitime.»
L'autre vice-président du Conseil des ministres, Luigi Di Maio, chef de file du du Mouvement 5 étoiles (M5S) et ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales, a lui aussi exprimé son indignation face aux propos de Pierre Moscovici. «L'attitude de la part de certains commissaires européens est inacceptable, vraiment insupportable. Du haut de leur Commission européenne, ils ne devraient pas être autorisés à dire qu'en Italie il y a de nombreux petits Mussolini», a-t-il martelé. «Cela montre que ce sont des gens totalement déconnectés de la réalité», a poursuivi Luigi Di Maio, lors d'un point presse.
Le ministre a également averti la Commission européenne que celle-ci n'aurait probablement plus que quelques mois d'existence. En effet, Luigi Di Maio fait le pari que les citoyens renverront chez eux, lors des prochaines élections européennes du 26 mai 2019, «une bonne partie des eurocrates». Les européennes sont bel et bien lancées.