Ce 7 septembre, l'Iran, la Russie et la Turquie se réunissent à Téhéran pour poursuivre leur action en Syrie. Depuis janvier 2017, la Turquie, la Russie et l'Iran se sont portés garants du processus dit d'Astana. Le 4 mai 2017, un accord était signé dans la capitale kazakhe entre les trois puissances régionales établissant alors des zones de désescalade, dont une dans la Ghouta orientale (à l'est de Damas).
Le président russe Vladimir Poutine et ses homologues iranien et turc, respectivement Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan, devraient s'accorder pour consolider ce processus de paix, qui a pris presque un an de retard. De fait, si l'année 2017 s'était terminée sur des perspectives optimiste après l'élimination de Daesh de la quasi-totalité du territoire syrien, l'année 2018 a d'emblée été marquée par une réactivation des groupes armés djihadistes, à la fois dans le nord et dans le sud de la Syrie. Dans une escalade inquiétante, en avril 2018, la coalition dite arabo-occidentale emmenée par les Etats-Unis a frappé la Syrie, prenant prétexte d'une attaque chimique supposée, attribuée au gouvernement de Damas.
En ce début de septembre, c'est cette fois dans le nord de la Syrie, dans le gouvernorat d'Idleb, que la tension monte. Une offensive de l'armée syrienne y serait en préparation contre Hayat Tahrir al-Cham, un conglomérat de groupes djihadistes parmi lesquels le Front al-Nosra (rebatisé Fatah al-Cham en 2016). Comme ils l'avaient fait en amont des frappes du 14 avril 2018, les Occidentaux ont récemment multiplié les menaces à l'encontre de Damas.
A la suite de Washington, l'état-major français, tout en jugeant prochaine la disparition de Daesh en Syrie, a averti ce 6 septembre que l'armée française se tenait prête à frapper l'armée régulière syrienne. Dans un scénario étrangement familier, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont lancé le 22 août dernier un avertissement à Damas, l'accusant encore d'une «possible utilisation d'armes chimiques»
Processus de paix d'Astana fragile, hostilité des Occidentaux
Malgré ses peu de résultats, le processus de paix d'Astana semble toutefois rester le cadre le plus prometteur pour la paix, alors que celui dit de Genève est lui au point mort. C'est dans ce cadre-ci, regardé par les Etats-Unis et leurs alliés comme concurrent de celui d'Astana, que l'émissaire de l'ONU sur la Syrie Staffan de Mistura a mené depuis 2016 neuf cycles de négociations indirectes entre gouvernement syrien et groupes de l'opposition à Genève et Vienne, mais sans jamais parvenir à un résultat.
Les Occidentaux boudent Astana dont la Russie leur a toujours laissé la porte ouverte. C'est d'ailleurs le sens du lien entretenu avec l'émissaire en Syrie pour les Nations unies, Staffan de Mistura, qui établit ainsi un pont entre les deux processus. Le 24 août dernier, le bureau du haut diplomate onusien a annoncé l'organisation d'une rencontre, prévue pour les 11 et 12 septembre 2018 cette fois à Genève. L'Iran, la Russie et la Turquie y participeront avec pour ordre du jour la poursuite du processus politique de sortie de conflit.
A.K.
Lire aussi : Syrie : Moscou a frappé des positions du Front al-Nosra dans la province d'Idleb