Idleb : les rebelles emprisonneraient les Syriens souhaitant se rendre aux forces gouvernementales
Soutenu par la Russie, Damas a expliqué son intention de libérer la ville d'Idleb, encore aux mains de groupes rebelles. Mais, si une intervention des forces gouvernementales se dessine, les djihadistes empêcheraient des Syriens de se rendre.
La tension monte à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, alors qu'une offensive de l'armée semble se préparer contre les rebelles retranchés dans la ville. Selon une information publiée le 31 août sur le site du quotidien américain The Wall Street Journal, les rebelles retiendraient «des dizaines de personnes» accusées d'avoir voulu se rendre aux forces gouvernementales. Le journal évoque, à ce propos, des «rebelles rivaux» et des civils.
Syrian rebels detain dozens of people suspected of negotiating surrender with the Assad regime as it prepares to attack a last opposition stronghold https://t.co/U3KmUwdrrH via @WSJ
— WSJ Middle East (@WSJMidEast) 31 août 2018
Tandis que l'envoyé de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, estime qu'environ «10 000 terroristes» se préparent au combat contre l'armée syrienne à Idleb, cette dernière semble prête à lancer une offensive sur cet ultime grand bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie. Le vice-Premier ministre et ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moualem, a en effet rappelé la volonté de Damas d'«aller jusqu'au bout» dans sa lutte pour libérer la province.
Une position qu'a soutenue le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour qui le gouvernement syrien a parfaitement le droit de se débarrasser des forces terroristes : «Il reste encore la tâche de liquider les foyers restants de terrorisme, avant tout dans la zone de désescalade d'Idleb», a-t-il affirmé le 31 août.
En tout état de cause, les forces rebelles ont déjà manifesté leur refus de laisser les civils fuir les zones sous leur contrôle à l'approche de l'armée syrienne. Ainsi, en février 2018, au moment où l'armée syrienne déployait ses efforts pour reprendre le contrôle de la Ghouta orientale, alors aux mains de groupes rebelles islamistes (Jaich al-Islam, Faylaq al-Rahmane et Ahrar al-Cham), ces derniers avaient publié un communiqué adressé à l'ONU dans lequel ils affirmaient s'opposer aux plans d'évacuation des civils hors de la zone. «Nous rejetons catégoriquement toute initiative qui prévoit la sortie des habitants de leur maison et leur transfert vers un autre endroit quelconque», précisait le texte.
Moscou met en garde contre une mise en scène d'attaque chimique à Idleb
La Russie a mis en garde, ces derniers jours, contre une potentielle attaque sous faux drapeau visant à décrédibiliser Damas. Moscou a ainsi annoncé le 28 août qu'un stock important de produits chimiques avait été livré aux militants du groupe Ahrar al-Sham à Idleb, avec l'aide de l'organisation controversée des Casques blancs, afin de mettre en scène une attaque chimique qui servirait à pointer du doigt la culpabilité du gouvernement syrien et à provoquer une nouvelle intervention militaire américaine.
La veille déjà, le 27 août, la Russie avait fait part de son inquiétude concernant une potentielle attaque occidentale contre l'armée syrienne. De fait, selon le ministère russe de la Défense, un destroyer américain, l'USS Ross, est entré en Méditerranée le 25 août, armé de 28 missiles de croisière Tomahawk capables de frapper n'importe quelle cible en Syrie. Quelques jours avant que Moscou n'exprime ses inquiétudes, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni avaient déjà mis en garde le président syrien Bachar el-Assad contre une potentielle utilisation d'armes chimiques dans la province d'Idleb.