Une fausse attaque chimique à Idlib viserait à empêcher l'élimination d'al-Nosra, selon la Russie
Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, estime qu'une fausse attaque chimique pourrait prochainement avoir lieu en Syrie. L'objectif de ses auteurs : entraver l'élimination des combattants djihadistes du Front al-Nosra.
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a déclaré ce 29 août que la mise en scène d'une attaque chimique en Syrie, dans la région d'Idlib, aurait pour objectif d'empêcher l'élimination des combattants du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda désormais connue sous le nom de Front Fatah al-Cham.
Le ministre russe, qui rencontre ce 29 août son homologue saoudien Adel al-Jubeir à Moscou, a en outre qualifié la présence du groupe terroriste dans la province d'Idlib d'«abcès» qu'il convenait de crever rapidement. «J'espère que nos partenaires occidentaux ne vont pas favoriser des provocations, ne vont pas entraver l'opération antiterroriste [à Idlib]», a en outre déclaré Sergueï Lavrov, alors que l'armée syrienne est en passe de reprendre le contrôle de cette province.
«Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis, quels qu'en soient ses dirigeants, fait passer la nécessité de changer les gouvernements dissidents avant les objectifs communs d'éradication du terrorisme et de l’extrémisme», a en outre déploré Sergueï Lavrov. «C'est ce qui s'est passé en Irak et en Libye», a-t-il rappelé, avant d'ajouter : «Ils essaient désormais de faire la même chose en Syrie – ou, pour le dire de manière plus exacte, ils ont essayé de le faire en Syrie mais ont échoué.»
Le scénario d'une fausse attaque chimique
La veille, le ministère russe de la Défense, par la voix du général Alexeï Tsygankov, avait assuré qu'un stock important de produits chimiques avait été livré aux militants du groupe Ahrar al-Sham à Idlib, avec l'aide de l'organisation controversée des Casques blancs afin de mettre en scène une attaque chimique. Selon Moscou, celle-ci permettrait ainsi de pointer du doigt la culpabilité du gouvernement syrien et à d'organiser une nouvelle intervention militaire. L'armée syrienne est engagée dans cette région, dernière poche du pays contrôlée par les djihadistes.
L'armée russe a déclaré avoir reçu des informations de plusieurs sources de la province d'Idlib. «Un important stock d'agents toxiques a été transporté dans la ville de Saraqib [à l'est d'Idlib] sur deux camions venant du village d'Afs [à environ cinq kilomètres]», a ainsi déclaré dans un communiqué le général Alexeï Tsygankov. Selon lui, les produits chimiques auraient été livrés à un dépôt d’armes utilisé par le groupe Ahrar al-Cham, «accompagné des huit membres de l’organisation des Casques blancs». D'après ce communiqué, «plus tard, une partie du chargement a été placée dans des barils en plastique non marqués et transportés vers une autre base dans le sud d'Idlib afin d'user d'armes chimiques et de reprocher aux forces gouvernementales d'utiliser des substances toxiques contre des civils».
Cette déclaration intervient deux jours après que le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov a déclaré que l'USS Ross, un destroyer américain, était entré en Méditerranée le 25 août, armé de 28 missiles de croisière Tomahawk capables de frapper n'importe quelle cible en Syrie. Le même jour, la Russie avait prévenu que des djihadistes, aidés par les Britanniques, prépareraient une attaque chimique en Syrie, qui pourrait déboucher sur une nouvelle intervention militaire.
Quelques jours plus tôt, les Occidentaux avaient d'ailleurs mis en garde Damas. John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Donald Trump avait prévenu que Washington réagirait «très fortement» si l'armée syrienne avait recours aux armes chimiques dans son offensive pour reprendre la province d'Idlib, l'un des derniers fiefs des insurgés islamistes dans le pays.