L'empoisonnement de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal «pouvait être dans l'intérêt du gouvernement britannique, qui s'est trouvé dans une position inconfortable en étant dans l'incapacité de remplir ses promesses faites aux électeurs sur les conditions du Brexit», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse le 2 avril. «Cela pouvait aussi être dans l'intérêt des services spéciaux britanniques, qui sont connus pour leur capacité à agir avec permis de tuer», a-t-il poursuivi. Selon lui, Moscou n'avait aucune raison, à la veille de la présidentielle et à quelques mois de la Coupe du monde de football organisée en Russie, d'empoisonner un de ses anciens espions.
Le chef de la diplomatie russe a en outre déploré le ton employé par Londres et Washington dans le cadre de cette affaire, attisant selon lui les tensions entre l'Occident et la Russie : «De nombreux commentateurs ont jugé la situation pire aujourd'hui que durant la guerre froide car, à cette époque, certaines règles et convenances au moins étaient respectées.» Le ministre a également accusé ces deux puissances occidentales, ainsi que d'autres, de diffuser des «mensonges flagrants» et de la «désinformation». Selon lui, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui accusent la Russie d'être responsable de l'empoisonnement de Sergueï Skripal, jouent à «des jeux d'enfants» au lieu de fournir des preuves à leurs allégations.
Entre autres déclarations peu courtoises des autorités britanniques à l'encontre de leurs homologues russes, le chef de la diplomatie Boris Johnson avait comparé, sur fond d'affaire Skripal, la coupe du monde en Russie aux JO nazis de Berlin. En outre, Gavin Williamson, le ministre britannique de la Défense, avait conseillé à la Russie de «partir et la fermer» – ce qui avait conduit Sergueï Lavrov à le qualifier de «mal élevé».
Une affaire envenimant les relations Occident-Russie
A la suite de l'empoisonnement sur le sol britannique de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, le 4 mars, Londres a désigné Moscou comme responsable de cet empoisonnement, sans pour autant apporter d’éléments convaincants à ces allégations. Partant, le Royaume-Uni a décidé d'expulser 23 diplomates russes et a annoncé le gel des relations bilatérales. La Russie, qui clame son innocence et accuse Londres de ne «pas vouloir entendre les réponses», a riposté en ordonnant l'expulsion de diplomates britanniques et la fin des activités du British Council sur son territoire.
Emboîtant le pas à Londres, une vingtaine d'Etats occidentaux dont la France ont annoncé l'expulsion de plus de 120 diplomates russes au total, les 26 et 27 mars. Dénonçant une «provocation», Moscou a répliqué par une réponse symétrique, expulsant notamment quatre diplomates français et 60 diplomates américains.
Lire aussi : Moscou n'a «rien à cacher» et se dit prêt à une «enquête conjointe» avec Londres