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A contre-courant de la classe politique britannique, Jeremy Corbyn prône un apaisement avec Moscou

En pleine crise diplomatique entre Londres et Moscou au sujet de l’empoisonnement de Sergueï Skripal, le chef de l'opposition britannique appelle son gouvernement à attendre de disposer de preuves avant d'envisager de nouvelles sanctions.

En pleine tempête diplomatique entre le Royaume Uni et la Russie après la tentative d'assassinat par empoisonnement de l’ancien agent double russe Sergueï Skripal sur le sol britannique. Alors que le Royaume-Uni a expulsé 23 diplomates russes même si la Russie a toujours démenti être impliquée dans cette affaire, qu’à cela ne tienne, tout cela ne décourage pas Jeremy Corbyn de vouloir conserver de bonnes relations avec Moscou. Le chef de l'opposition britannique est même prêt à faire des affaires avec la Russie.

Dans une interview diffusée dans l'émission The World at One sur la BBC, le leader travailliste milite en faveur d'une relation plus apaisée avec le président russe à peine réélu. «On doit faire affaire avec les gens, qu’on les aime ou pas […] Est-ce que je ferais des affaires avec Vladimir Poutine ? Bien sûr. Et je le défierais sur les droits de l'homme en Russie, sur ces problèmes et le défierais sur toute la base de cette relation», a-t-il déclaré.

Est-ce que je ferais des affaires avec Vladimir Poutine ? Bien sûr

Jeremy Corbyn a aussi réitéré son appel au Royaume-Uni pour qu’il envoie à la Russie des échantillons des prélèvements effectués sur l'agent innervant ayant empoisonné Sergueï Skripal, afin d'aider à déterminer sa provenance. «J'ai demandé à ce que les Russes reçoivent un échantillon, afin qu’ils puissent dire de manière certaine ce qu’il en est», a-t-il déclaré. 

«La Russie est un grand pays qui a souffert plus que tous les autres au cours de la Seconde Guerre mondiale et nous devons reconnaître qu’il doit exister une relation avec ce pays. Ferme, oui, affirmée oui, exigeante absolument, mais il doit y avoir une relation», a plaidé le leader travailliste.

Le 20 mars, le Conseil national de sécurité britannique s'est réuni pour statuer sur la pertinence d’introduire de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie. Jeremy Corbyn a suggéré aux ministres d’attendre d’obtenir des preuves avant de prendre une décision.

De quoi susciter des critiques au sein de ses propres troupes. John McDonnell, le Chancelier de l'Echiquier du cabinet fantôme, avait en effet affirmé se ranger à la position du Premier ministre Theresa May qui considère que la Russie est responsable de l’empoisonnement – il considère celui-ci comme «un crime d’Etat». La divergence de vues des deux travaillistes a jeté un trouble dans les rangs de leur camp. Le parlementaire John Woodcock a ainsi déclaré: «Cela nous inquiète que le leader de l’opposition prenne une autre position que son Chancelier sur la question critique de la culpabilité de la Russie.»

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