Une caricature d'Erdogan, une banane dans le derrière, retirée d'une foire d'art contemporain

Une œuvre d'art dépeignant le président turc Recep Tayyip Erdogan, une banane enfoncée dans un endroit compromettant, a été retirée de la foire d'art moderne et contemporain de Karlsruhe, en Allemagne, au grand dam de son auteur.
Intitulée Dictateur turc, une œuvre réalisée au pochoir à la manière d'Andy Warhol, montrant le président turc Recep Tayyip Erdogan vêtu d’une simple chemise, penché en avant et dont le derrière laisse dépasser une banane, le tout sur fond de drapeaux turcs, a été retirée de la foire internationale d'art moderne et contemporain de Karlsruhe, dans le sud-ouest de l'Allemagne.
Interrogé le 23 février par l’agence de presse allemande DPA, sur le motif qui l'a poussé à prendre cette décision, Michael Oess, le propriétaire de la galerie d’art où se tient l'événement, a déclaré qu’il avait «une certaine responsabilité vis-à-vis des autres visiteurs», soutenant que deux d’entre eux avaient exprimé leur malaise de voir le drapeau turc figurer en arrière-plan de l’œuvre.
De son côté, Thomas Baumgärtel, l'auteur allemand de celle-ci, s’est indigné de la décision du galeriste. «Je viens de me séparer de ma galerie à Karlsruhe après avoir appris aujourd'hui via Twitter qu'elle [l'oeuvre artistique] avait été décrochée sans que l'on m'en informe», a-t-il tweeté. L’artiste, connu sous le pseudonyme de Bananensprayer («Pulvérisateur de bananes»), a en outre déploré auprès de l’agence DPA que personne, selon lui, n'osait plus hausser la voix contre «les populistes qui détruisent la liberté artistique et la liberté d’expression», faisant vraisemblablement référence au chef d'Etat turc.
Si le journal turc Daily Sabah a estimé que «la soi-disant peinture» constituait une «attaque raciste et vulgaire» contre Recep Tayyip Erdogan, l'œuvre a trouvé preneur, pour 5 900 euros – la vente n'a toutefois rien à voir avec cette polémique, selon DPA.
Ce n’est pas la première fois qu'éclatent des polémiques au sujet de caricatures de Recep Tayyip Erdogan en Allemagne. Le président de la branche allemande du Parti pirate, Bruno Kramm, avait ainsi été arrêté en avril 2016 après avoir récité un poème satirique visant le dirigeant turc, devant l'ambassade de Turquie à Berlin.