Départ d'Assad et lutte contre l'Iran : Washington justifie le maintien de ses troupes en Syrie
Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a fait un discours empreint d'une inhabituelle franchise sur la stratégie de Washington en Syrie, justifiant la présence des troupes américaines par la lutte contre l'influence iranienne et contre Bachar el-Assad.
Les Etats-Unis justifiaient jusqu'à présent le déploiement de troupes au sol en Syrie – que Damas n'a jamais autorisé – par la nécessité de combattre les terroristes de Daesh. Une excuse sur laquelle il n'est plus possible de s'appuyer, le groupe terroriste ayant été vaincu. Mais Washington, comme annoncé en novembre dernier, n'a pas l'intention de quitter le pays pour autant.
«Il est crucial, pour notre intérêt national, de maintenir une présence militaire et diplomatique en Syrie», a ainsi affirmé le sécrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, lors d'un discours sur la politique américaine face à ce conflit prononcé à Stanford, le 17 janvier. Il a, pour justifier cette ambition, évoqué de nouveaux objectifs.
Empêcher que l'Iran ne contrôle la région
Le diplomate a soutenu que l'objectif prioritaire restait la lutte contre Daesh afin que le groupe ne puisse pas refaire surface. «L'Etat islamique a actuellement un pied dans la tombe, et en gardant une présence militaire américaine en Syrie, il en aura bientôt deux», a-t-il fait valoir. Il s'agit selon lui de pas répéter «la même erreur qu'en 2011», où le «départ prématuré» des troupes américaines d'Irak avait permis à Al-Qaïda de survivre.
Malgré la défaite imminente de #Daesh, #Washington n'a pas l'intention de retirer ses troupes de #Syrie 🇸🇾
— RT France (@RTenfrancais) 23 novembre 2017
➡️ https://t.co/5QVy0cewUrpic.twitter.com/6DyadjZjDG
Mais «l'intérêt national» défendu par Rex Tillerson se joue surtout ailleurs, ce dont le diplomate ne se cache plus. Il a en effet soutenu qu'un désengagement américain fournirait à l'Iran, bête noire de l'administration de Donald Trump, «une occasion en or de renforcer encore davantage ses positions en Syrie». Ce que compte à tout prix éviter Washington : «Nous devons nous assurer que la résolution de ce conflit ne permette pas à l'Iran de se rapprocher de son grand objectif, le contrôle de la région.»
Pousser Bachar el-Assad vers la sortie
Dans cette optique, le sort de Bachar el-Assad, allié de Téhéran, reste évidemment problématique pour Washington, qui a pour la première fois lié sa présence militaire dans le pays à la nécessité d'un départ du président syrien. «Un retrait total du personnel américain à ce stade aiderait [Bachar] el-Assad à continuer de brutaliser son propre peuple», a justifié Rex Tillerson. Selon lui, un leadership «post-Assad» devrait voir le jour pour que la Syrie puisse devenir «stable, unie et indépendante». Pour créer «les conditions d'une paix durable», le diplomate a martelé à plusieurs reprises qu'un «départ» du président syrien dans le cadre du processus de paix sous l'égide de l'ONU était indispensable.
#Moscou 🇷🇺 accuse #Washington 🇺🇸 de bloquer l'aide #humanitaire dans une région «de facto occupée» en #Syrie 🇸🇾
— RT France (@RTenfrancais) 12 janvier 2018
➡️ https://t.co/bclDbKZZKPpic.twitter.com/nyL9GIpwU3
Et Washington a une idée bien précise de la façon de pousser le président syrien vers la sortie : Rex Tillerson a ainsi expliqué que les Etats-Unis ne consentiraient pas à accorder le moindre dollar pour la reconstruction dans les zones contrôlées par Damas et a incité leurs alliés à en faire autant. «En revanche, nous allons encourager l'aide internationale pour la reconstruction des régions libérées de l'EI par la coalition [des alliés de Washington] et ses partenaires locaux», a-t-il prévenu. Rex Tillerson espère ainsi que les Syriens qui n'ont pas reçu l'aide américaine dans les régions contrôlées par Damas souhaiteront «un retour à une vie normale», et ne soutiendront pas Bachar el-Assad lorsque sonnera l'heure des élections libres et transparentes.
Pour mener à bien cette stratégie, le secrétaire d'Etat compte aider «les autorités civiles locales et légitimes» à exercer une gouvernance responsable dans leurs zones libérées, en maintenant une «présence américaine sur la durée».