«Désinformation russe» : Moscou est-il le bouc émissaire tout trouvé de l'Union européenne ?

«Désinformation russe» : Moscou est-il le bouc émissaire tout trouvé de l'Union européenne ?© FREDERICK FLORIN Source: AFP
Le parlement européen de Starsbourg
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La Commission européenne et des eurodéputés ont accusé la Russie de mener une campagne de désinformation «orchestrée» dans les pays de l'Union européenne. Pour certains commentateurs et élus européens, il s'agirait toutefois d'une diversion.

Le commissaire européen en charge de la Sécurité, Julian King, a exprimé son inquiétude devant les eurodéputés, réunis à Strasbourg le 17 janvier. Pour lui, «il y a peu de doutes que la campagne de désinformation pro-Kremlin est une stratégie orchestrée, qui fournit les mêmes articles de désinformation dans le plus grand nombre de langues possible, à travers le plus grand nombre de canaux possible, aussi souvent que possible».

Vous cherchez à créer un bouc émissaire à votre propre impopularité avec les peuples d'Europe. Ne blâmez pas les Russes pour vos propres erreurs

Une déclaration considérée comme une «distraction» par le député européen anti-Union européenne (UE), du parti britannique UKIP, Gerard Batten : «Vous [les instances européennes et élus pro-UE] cherchez à créer un bouc émissaire à votre propre impopularité avec les peuples d'Europe. Ne blâmez pas les Russes pour vos propres erreurs», a-t-il argumenté. Pour lui, l'impopularité de l'UE trouve ses sources dans les mesures d'austérité imposées dans la zone euro et les politiques «incontrôlées» d'immigration, provoquant «l'islamisation des sociétés». «Vous cherchez une distraction et vous l'avez trouvée dans la propagande russe. Vous donnez à monsieur Poutine trop de crédit. Il n'est pas l'auteur de votre impopularité», a-t-il également soutenu devant ses homologues.  

Pour nos élites, nos dirigeants, tout ce qui n'est pas l'information officielle relève de la désinformation

Dans la même inspiration, pour RT France, le directeur de la rédaction de Ruptures Pierre Lévy ne s'étonne guère de la prise de position de l'UE sur la supposée désinformation provenant de Russie : «Pour nos élites, nos dirigeants, tout ce qui n'est pas l'information officielle relève de la désinformation et à l'inverse tout ce qui est leur parole doit être crue et prise pour argent comptant.»

«Ce qui est très stupéfiant c'est l'hystérie qui est provoquée par des dirigeants occidentaux et par leurs représentants alors même que ce sont les champions de la désinformation, de l'ingérence dans les affaires de pays qu'ils souhaitent influencer et ce depuis des décennies», a-t-il poursuivi. A l'instar du député du Ukip, le journaliste considère que les dirigeants européens entendent «créer une sorte de diversion» en invoquant la fameuse «ingérence russe», dans la mesure où les peuples européens seraient de moins en moins enthousiastes vis-à-vis de l'intégration européenne. «Créer un ennemi est un bon moyen de faire diversion», précise-t-il.

De quoi au juste l'UE entend-elle «protéger» ses citoyens ?

Le 17 janvier 2018, la Commission européenne a accusé la Russie de mener une campagne de «désinformation pro-Kremlin» dans les pays de l'UE, constatant que celle-ci pouvait «malheureusement [...] être extrêmement efficace». «L'objectif [...] est de faire croire aux gens que la désinformation est un fait, est crédible», s'est inquiété Julian King, devant les eurodéputés à Strasbourg, lors d'un débat sur «la Russie et l'influence de [sa] propagande sur des pays de l'UE».

Des inquiétudes qui ont trouvé un écho chez les eurodéputés, ceux-ci, selon Euronews, ayant exprimé leurs regrets face à la «faiblesse de la réponse européenne» aux «ingérences» de la Russie, lors des récentes campagnes électorales en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Selon le commissaire britannique Julian King, en deux ans, l'unité de lutte contre la désinformation à l'Est de l'exécutif européen «a réuni plus de 3 500 exemples de désinformation pro-Kremlin, qui contredisaient des faits pourtant accessibles au public, et étaient répétés dans de nombreuses langues à de nombreuses occasions». Pourtant, l'AFP, citant les propos du haut responsable européen, ne rapporte pas un seul élément tangible qui, dans la bouche de Julian King, viendrait appuyer ces lourdes accusations...

Et le commissaire européen de mettre en garde, grave : «Nous devons rester vigilants» – comme si les esprits européens étaient jugés trop fragiles pour être exposés à des sources d'information et des points de vue trop variés. 

Lire aussi : L'UE refuse d'accréditer la presse russe, la Fédération européenne des journalistes condamne

L'Union européenne veut-elle faire de la Russie son épouvantail ?

Ce n'est pas la première fois que l'Union européenne entend mettre en garde ses citoyens contre la menace que ferait planer quelque œuvre de désinformation orchestrée par le Kremlin. 

En janvier 2017, l'organisme de radio-diffusion internationale allemand Deutsche Welle (DW) faisait état des financements supplémentaires dont bénéficierait une agence de l’Union européenne, East Stratcom, créée en 2015 dans le cadre du Service européen pour l'action extérieure (SEAE) pour lutter contre ce que l’UE qualifie de «propagande russe».

Quelques semaines plus tôt, en novembre 2016, le Parlement européen avait voté une résolution visant à lutter contre la «propagande russe» et... celle de Daesh, ni plus ni moins. Le document, controversé et sans valeur législative, appelait l’UE à «répondre à la guerre de l’information de la Russie», mise par les parlementaires sur la même ligne que l'organisation terroriste djihadiste. RT y était en outre cité comme un des «outils» de ladite propagande. La résolution allait jusqu'à affirmer que Moscou avait une grande influence sur le monde des médias dans certains pays de l’UE.

La Russie est de plus en plus souvent accusée d’ingérence dans les affaires internes de pays occidentaux. A en croire les allégations relayées par nombre de médias en Occident, Moscou serait plus ou moins responsable de l'élection de Donald Trump ou de la victoire du Brexit... Mais dans le cas français, comme américain, comme britannique, les preuves à de telles thèses tendent à manquer.

Lire aussi : Daesh et la «menace russe» dans le même rapport : le Parlement européen «a perdu le bon sens»

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