En Allemagne, la «police de la charia» acquittée en 2015 sera rejugée
Les islamistes qui patrouillaient à Wuppertal en uniforme en 2014 pour convaincre les hommes des méfaits de l'alcool et de la prostitution avaient été acquittés en 2015. La «police de la charia» va être rejugée sur ordre de la Cour fédérale.
Ils avaient fait sensation en septembre 2014 lorsqu’ils s’étaient mis à patrouiller dans les rues de Wuppertal, en Rhénanie-du-Nord-Wesphalie, leurs vestes oranges fièrement ornées des lettres réfléchissantes «shariah police» («police de la charia»). Convoqués devant les tribunaux, puis acquittés en décembre 2015, les membres de cette organisation vont être rejugés sur ordre de la Cour fédérale de justice.
Der Rechtsstaat ist kein bunter Nachtwächter! Treffender geht es fast nicht @altenbockum ; wir dürfen nicht vor denen zurückstecken, die unser freies Leben bedrohen. Deshalb waren die Freisprüche gefährlich und die Korrektur des #BGH wichtig #shariapolicehttps://t.co/FKh9KDLvZI
— Thorsten Köster (@ThKoester) 12 janvier 2018
En effet, la plus haute juridiction allemande a annoncé le 11 janvier qu’elle rejetait l’acquittement, motivant sa décision par le fait que celui-ci ne prenait pas suffisamment en compte les conséquences du prosélytisme auquel se sont livrés les membres de la «police de la charia» sur les personnes ciblées par sa campagne militante.
Ce groupe de vigilance composé de jeunes salafistes était en effet allé à la rencontre des hommes susceptibles de fréquenter les bars, les maisons closes, de boire de l’alcool, ou de jouer à des jeux de hasard, afin de tenter de les dissuader de se livrer à de telles activités. Ils n'ont toutefois pas sévi longtemps puisqu'ils avaient rapidement été convoqués devant les tribunaux. La justice s'intéressait particulièrement au prêcheur islamiste Sven Lau, qui encadrait le groupe. Emprisonné en juillet 2017 pour avoir soutenu une organisation terroriste, il a par le passé fait plusieurs séjours en prison pour des faits liés au recrutement de djihadistes.
Assignés devant les tribunaux, huit hommes de la patrouille s’étaient ainsi vu reprocher de porter des uniformes exprimant une opinion politique, et donc de contrevenir à la loi interdisant le port de telles tenues. Ils avaient plaidé l'humour, assurant avoir simplement voulu faire une blague. Le verdict avait été clément envers les apprentis salafistes : l'acquittement. Le juge avait statué qu’ils n’étaient ni intimidants, ni menaçants, et ne contrevenaient pas à l’interdiction de porter des uniformes politiques.
D’autres patrouilles islamistes, parfois violentes, orchestrées par des islamistes radicaux ont œuvré à la même période à Londres, Copenhague ou Hambourg. Dans l’Est de Londres, les patrouilleurs salafistes usaient même de menaces lors de leurs battues en 2013, prétendant par exemple qu’il fallait «tuer tous les incroyants». Ils ont été traduits en justice et condamnés à des peines allant de six mois à plus d’un an de prison.