La Tunisie soutient ses citoyennes refusées par Emirates et suspend les vols de la compagnie
Si la présidence tunisienne se refuse à évoquer une crise diplomatique, le ministre des Transports a toutefois fait interdire tous les vols de la compagnie Emirates sur son territoire après que des femmes se sont vu refuser l'embarquement.
Le 24 décembre, après que plusieurs Tunisiennes se sont vues refuser l'accès à des avions de la compagnie Emirates Airlines, le ministre des Transports de Tunisie a annoncé que tous les vols de cette compagnie des Emirats arabes unis (EAU) étaient suspendus sur le territoire de ce pays d'Afrique du nord jusqu'à nouvel ordre.
Deux jours plus tôt, alors qu'au moins trois femmes ont voulu embarquer pour des vols Emirates, notamment à destination de Dubaï, la compagnie leur avait opposé un refus catégorique.
Les Tunisiennes dénoncent une mesure dégradante
L'une d'entre elles a témoigné au micro de la radio tunisienne Mosaïque FM : «L'équipage d'Emirates Airlines m'a dit qu'une femme tunisienne de moins de 30 ans, avec un passeport tunisien, ne pouvait pas monter à monter à bord d'un vol d'Emirates. Je leur ai dit que c'était juste un vol intermédiaire pour moi... Ils m'ont répondu : "Non, ne mettez pas un pied dans cet avion."»
C'est dégradant pour les femmes tunisiennes, pour notre nationalité... pour absolument tout.
Une autre femme à qui l'entrée a été refusée à bord d'un appareil de la compagnie Emirates s'est étonnée de ce que les petits garçons et leurs pères tunisiens puissent voyager, mais pas leurs mères, ni leurs sœurs. Citée par le site web de la chaîne Al Jazeera, elle a déclaré : «La fille et la maman doivent rester en Tunisie alors que le mari et le fils peuvent voyager. C'est logique, ça ? C'est dégradant. C'est dégradant pour les femmes tunisiennes, pour notre nationalité... pour absolument tout.»
Le ministère des Affaires Etrangères des Emirats arabes unis a fait valoir des raisons de sécurité, mais dans un communiqué officiel, le ministre des Transports tunisien s'est insurgé de ces mesures qu'il a jugées «illégales» et «en contradiction avec les régulations internationales en vigueur dans le domaine de l'aviation civile».
La présidence essaie de temporiser... Twitter s'embrase
Le 25 décembre, une porte-parole de la présidence tunisienne a toutefois assuré qu'il ne s'agissait «pas d'une crise diplomatique» entre les deux pays et a affirmé que la Tunisie «comprenait» la décision du gouvernement des Emirats arabes unis, qui cherchait à «protéger son territoire et ses compagnies aériennes».
Anouar Gargash, ministre des Affaires Etrangères des EAU, avait précédemment précisé que cette mesure était temporaire et qu'elle avait pour origine des «informations sérieuses» indiquant que des femmes tunisiennes étaient soupçonnées de vouloir commettre des attaques.
#NoWomenNoFly /Interdiction aux Tunisiennes de se rendre aux #Emirats : des partis politiques tunisiens expriment leur indignation #Tunisie#EmiratsArabesUnishttps://t.co/puodm8y8D8pic.twitter.com/cvyBOWnQuc
— Radio Algérienne (@radioalgerie) 26 décembre 2017
Sur Twitter, les internautes ont malgré tout apporté leur soutien à la cause des Tunisiennes et ont tourné en dérision la compagnie aérienne. Certaines ont souhaité rappeler l'histoire de la Tunisie et la place que ce pays accorde aux femmes... Tout en le comparant à l'histoire très récente des EAU.
1846: #Tunisia abolishes slavery
— Ryma (@ryyma12) 25 décembre 2017
1956: Tunisia abolishes poligamy
1957: Tunisian women can vote and seek office
1965: Tunisia legalizes abortion
1971: #UAE is founded
2017: UAE bans Tunisian females from boarding its Emirates flights
🇹🇳#NoWomenNoFly
#تونس_تودب_الامارات
D'autres ont imaginé un dialogue diplomatique faisant allusion à une célèbre chanson de Bob Marley. Le hashtag #NoWomenNoFly a depuis été utilisé à de nombreuses reprises.
Des appels à boycotter la compagnie reprennent également ce hashtag humoristique.
If you don't want to support a sexist racist company (and gov)، boycott @emirates#TunisianWomenBan#no_women_no_fly#تونس_تؤدب_الإماراتpic.twitter.com/qeZRaDjfeK
— Yosr Jouini (@yosr_jouini) 24 décembre 2017