Un «signal clair» à Riyad : la Belgique va nommer une femme ambassadeur en Arabie saoudite
Dominique Mineur va devenir la première femme ambassadeur en Arabie saoudite. Une volonté de faire pression sur le royaume pour Bruxelles, après avoir voté en faveur de son accession à la Commission des droits des femmes de l'ONU ?
Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders inaugure une nouvelle ère en prévoyant d’envoyer une femme représenter les intérêts de la Belgique dans un pays où la condition de celles-ci laisse à désirer, selon les informations des quotidiens belge L'Echo et De Tijd, et confirmées par la chaîne de télévision VRT. La Belge Dominique Mineur, auparavant en poste aux Emirats arabes unis, deviendra ainsi, sous peu, la première femme ambassadeur en Arabie saoudite, pour une durée de cinq ans.
Selon des responsables du gouvernement belge, cités par VRT, cette nomination, qui devrait avoir lieu durant l'été, enverrait un «signal clair» au gouvernement saoudien.
Faut-il dès lors entendre cette nomination comme un changement de cap de la politique belge en Arabie saoudite, ou bien comme une volonté de se racheter après avoir voté en faveur de l'accession de Riyad à la Commission des droits des femmes de l'ONU, fin avril 2017 ?
Didier Reynders, ministre fédéral depuis 18 ans, s'était lui-même retrouvé au cœur d'une polémique après cette décision. Il avait fini par déclarer pour apaiser les critiques, selon l'hebdomadaire belge Le Vif : «Il n'y aura plus de mission économique du gouvernement fédéral en Arabie saoudite tant que nous ne constatons pas d'évolution sur la situation de l'égalité entre les hommes et les femmes.»
Début novembre, pour lutter contre le radicalisme, une mission diplomatique belge s'était par ailleurs rendue à Riyad pour rompre une convention qui liait les deux pays depuis 1969.
La nomination de Dominique Mineur intervient dans un contexte de relative ouverture de l’Arabie saoudite, qui va proposer des visas de tourisme dès 2018, une première dans son histoire. Le prince héritier Mohammed Ben Salmane a annoncé au Davos saoudien, à Riyad, le 24 octobre 2017, l’entrée de son royaume dans une nouvelle ère, le retour à un islam «modéré, ouvert au monde». Dans le cadre d'un ambitieux plan de réformes, le gouvernement saoudien tente de promouvoir des spectacles et d'autres formes de divertissement, malgré l'opposition des milieux ultraconservateurs.
L'Arabie saoudite se distingue néanmoins toujours par une vision ultra-conservatrice de l'islam, dans laquelle la femme tient un rôle effacé dans la sphère publique. Elle doit notamment obtenir l'accord d'un homme, un tuteur (souvent leur père ou leur mari), pour travailler, voyager ou encore se marier.