A quelques mois de l'élection présidentielle russe de mars 2018, Vladimir Poutine, qui se présentera comme candidat sans étiquette partisane, a sans surprise était interrogé au sujet de ses concurrents et de l'état de l’opposition russe en général, lors sa conférence de presse annuelle du 14 décembre. Ainsi, un journaliste du média russe Life News, a demandé au chef de l'Etat pourquoi l'opposition n'arrivait pas à présenter à l'élection un candidat susceptible de rallier autant de soutiens que le président russe.
Ce n’est pas moi-même qui vais former mes concurrents !
Le chef de l’Etat a réagi avec humour : «Ce n’est pas moi-même qui vais former mes concurrents !» Sur le fond, le président a estimé que l’opposition peinait à proposer un projet tangible au peuple russe. «L'important n'est pas de faire du bruit en place publique ou en privé et de dénoncer un régime anti-populaire mais de faire des propositions en vue de vrais changements», a poursuivi Vladimir Poutine. Selon lui, il n'y aurait pas aujourd'hui de figures d’opposition «actives et fortes» et aux yeux du président russe, celles qui entendent paraître comme telles «ne constitu[ent] pas une concurrence [sérieuse] pour le pouvoir en place».
Le sujet a une nouvelle fois été abordé deux heures plus tard par la candidate à la présidentielle Ksenia Sobtchak, qui participait à cette conférence de presse en sa qualité de journaliste. A sa question, qui portait sur Alexeï Navalny, opposant ne pouvant pas se présenter à l'élection présidentielle de 2017 car ne remplissant pas les critères légaux pour cela, le président a répondu par une petite pique.
Nous n’allons pas laisser le scénario ukrainien se reproduire en Russie
«L’opposition doit présenter un programme clair d’actions positives. Vous vous présentez "contre tous". Mais qu’est-ce que vous proposez ?», a demandé Vladimir Poutine à Ksenia Sobtchak. Le maître du Kremlin a en outre ajouté que si l’opposition actuelle arrivait au pouvoir sans s'appuyer sur un programme politique clair, cela pourrait provoquer un «scénario ukrainien» en Russie et apporterait au pays des «Maïdan» et des «Saakachvili». «Vous voulez que nous ayons des tentatives de coup d'Etat ? Nous avons déjà traversé tout cela [...] Je suis convaincu qu'une majorité de citoyens russes ne le veut pas et ne le permettra pas», a-t-il assuré, faisant référence au putsch manqué de la ligne dure du Parti communiste contre le président Mikhaïl Gorbatchev en août 1991, peu avant la chute de l'URSS. «Nous n’allons pas laisser le scénario ukrainien se reproduire en Russie», a conclu Vladimir Poutine.
Le premier tour de l'élection présidentielle en Russie est prévu le 18 mars 2018. La campagne électorale ne commence officiellement qu’en décembre et l’enregistrement des candidats n’est pas encore ouvert, mais certaines personnalités politiques ont d'ores et déjà annoncé leur intention d’y participer. Outre Ksenia Sobtchak, on dénombre parmi les candidats déclarés le leader du Parti libéral-démocratique russe (LDPR) Vladimir Jirinovski, le dirigeant du parti Iabloko («Pomme») Grigori Iavlinski et l’opposant Alexeï Navalny (bien que la loi russe, donc, lui interdise d'y prendre part à cause d'une condamnation pénale).
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