Les moins de 16 ans bientôt privés de réseaux sociaux ?
Le gouvernement a dégainé un projet de loi dont une des mesures vise à interdire aux moins de 16 ans de s’inscrire sur un réseau social comme Instagram ou Snapchat sans l’autorisation des parents.
Les ados interdits de réseaux sociaux faute d'autorisation de leurs parents ? Telle est la volonté énoncée dans le projet de loi sur la protection des données personnelles présenté par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux et le Secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé du Numérique Mounir Mahjoubi le 13 décembre au Conseil des ministres.
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— Nicole Belloubet (@NBelloubet) December 13, 2017
Parmi les nouvelles mesures, l’une d’elle risque de fâcher les adolescents. «Les mineurs de moins de 16 ans seront mieux protégés parce qu'il faudra l'autorisation des titulaires de l'autorité parentale pour qu'on puisse consentir au traitement de leurs données par les services (...) tels que les réseaux sociaux», a annoncé Nicole Belloubet. Instagram, Snapchat... : tous les réseaux seront visés. «L'inscription sur Facebook supposera une autorisation parentale pour les mineurs de moins de 16 ans», a-t-elle ajouté.
Actuellement, les mineurs peuvent s’inscrire sur ces réseaux sans en référer à personne à partir de l’âge de 13 ans. Avant cet âge, il suffit de s'enregistrer avec une fausse date de naissance et le tour est joué, aucun contrôle n’étant opéré par les réseaux sociaux en question. Le projet de loi déposée par la garde des Sceaux ne comporte pas non plus d’indications sur les actions assurant le respect de la mesure, ce qui met quelque peu en question sa viabilité.
Le projet adapte la législation française au nouveau cadre juridique européen qui entrera en vigueur en mai et qui préconise entre autres le droit à l’oubli, une plus grande protection des données et un renforcement des sanctions pour les opérateurs au service des Français. Pour les opérateurs ne respectant pas les nouvelles mesures il prévoit des sanctions pouvant monter à 20 millions d’euros.
Controverses sur Facebook venues de l’intérieur
Cette décision intervient au moment où les critiques fleurissent de la part d'anciens employés de Facebook au sujet du géant des réseaux sociaux, fort de ses deux milliards d'utilisateurs. Chamath Palihapitiya, son ancien vice-président chargé de la croissance de l'audience de Facebook qui a quitté la société en 2011, s’est exprimé le 13 novembre lors d'une conférence à la Stanford Business School. Il a déclaré empêcher ses enfants d’utiliser cette «merde». Il a même ajouté : «Il n’y a pas de discours citoyen, pas d’entraide, il y a de la désinformation. [...] Vous ne le comprenez pas mais vous êtes programmés.»
Le créateur du bouton «J'aime» de Facebook, Justin Rosenstein, avait quant à lui expliqué au quotidien The Guardian s'être fait installer un filtre parental sur son Iphone et éviter les réseaux addictifs Reddit et Snapchat.
L’ancien président du groupe, Sean Parker, avait expliqué début novembre au site d'informations américain Axios que Facebook exploitait les vulnérabilités psychologiques humaine. Et concernant les mineurs, il s’était inquiété : «Dieu seul sait ce qu'ils font aux cerveaux de nos enfants. Les inventeurs et créateurs, moi, Mark (Zuckerberg), Kevin Systrom sur Instagram, tous ces gens l'ont très bien compris. Et ils l'ont fait quand même, en connaissance de cause.»
Même inquiétude chez une ancienne cadre de Facebook, Sandy Parakilas, qui dans une tribune parue dans le magazine américain New York Timesa estimé de la société ne protégeait pas les données personnelles de ses utilisateurs, et qu'elle «se moquait bien de la manière dont ces données étaient utilisées».