Une actionnaire de la filiale syrienne de Lafarge assure que le cimentier a financé Daesh

Une actionnaire de la filiale syrienne de Lafarge assure que le cimentier a financé Daesh© Gonzalo Fuentes Source: Reuters
Un site de construction Lafarge en 2017 à Paris
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Dans un entretien accordé au JDD publié le 22 octobre, Nahed Ojjeh, richissime femme d'affaires syrienne, exprime sa colère et annonce vouloir porter plainte contre le cimentier Lafarge qu'elle accable dans le dossier du financement de Daesh.

«Mon frère Firas a toutes les preuves que Lafarge a financé Daesh, et contrairement à ce qu’ils prétendent, ce n’est pas du tout passé par ma famille», a confié Nahed Ojjeh au Journal du dimanche (JDD) publié le 22 octobre. Furieuse, la richissime femme d'affaires syrienne annonce qu'elle va porter plainte contre le groupe cimentier franco-suisse Lafarge-Holcim.

Le 19 octobre, son frère Firas Tlass a été arrêté à Dubaï, à sa descente d’avion, en possession d’un faux passeport et placé en centre de rétention. Outre le faux passeport, la justice des Emirats Arabes Unis lui reprocherait un emprunt de cinq millions de dollars, contracté auprès d’une banque locale, et qu’il ne pourrait honorer.

Tlass et Assad, deux familles aux liens bien ancrés

Nahed, Firas et Manaf sont les enfants de Moustapha Tlass, l'ancien ministre de la Défense de Hafez el-Assad (le père de Bachar el-Assad). Manaf, le fils aîné, ami d'enfance de Bachar el-Assad, a quitté la Syrie en mars 2011, déguisé en femme, officiellement exfiltré par la France mais avec la bénédiction discrète du dirigeant syrien lui-même selon les sources du JDD. «Paris a voulu en faire un successeur potentiel, mais la réalité syrienne a toujours été beaucoup plus complexe», confie une source bien informée des milieux de renseignement.

Mais cette fois, c'est un autre frère dont il est question : Firas. Il a notamment été cité dans l'enquête judiciaire ouverte à Paris à l'encontre du cimentier Lafarge pour son éventuel financement de Daesh, plusieurs dirigeants du groupe l'ayant mis en cause.

100 000 dollars par mois pour livrer les bakchichs 

Firas Tlass aurait servi d'intermédiaire pour soudoyer les factions contrôlant les routes autour de la cimenterie Lafarge en Syrie avec des bakchichs en espèces. Pour cette mission, il aurait lui-même touché 80 000 à 100 000 dollars (soit 68 000 à 85 000 euros) par mois à partir de fin 2012, selon les informations du JDD.

Pour sortir les espèces en comptabilité, étaient utilisées «des notes de frais signées comme "frais de représentation"», a reconnu Christian Herrault, un des responsables de l'usine Lafarge, dans un procès-verbal cité par Le Monde

La sœur, Nahed, confirme pour sa part qu'elle est proche du pouvoir à Damas et affirme que c'est grâce à son influence personnelle que Lafarge a obtenu sa concession en Syrie en 2007 en échange d'une entrée au capital de la filiale syrienne du groupe, Lafarge Cement Syria (LCS). Avec son frère, ils en détiendraient toujours 1,33% chacun, selon les informations du JDD.

La version de Nahed Ojjeh diffère légèrement de celle des enquêteurs : selon elle, son frère lui a expliqué qu'il avait cessé sa mission pour Lafarge auprès des factions locales dès 2013 et qu'il ne s'agissait que de versement à des groupes kurdes, en échange de la protection de l'usine. Selon l'hebdomadaire, la sœur de Firas Tlass serait persuadée d'être au centre d'une série de règlements de comptes dépassant l'affaire Lafarge.

Un an d'enquête, des diplomates mis en cause... et Laurent Fabius

Un an après l'ouverture d'une enquête préliminaire en octobre 2016 par le parquet de Paris, puis d'une information confiée depuis à trois juges d'instruction en juin 2017, le dossier contre le cimentier Lafarge devient accablant. La direction, basée en France, est suspectée d'avoir eu connaissance et d'avoir validé des paiements effectués par sa filiale syrienne à des groupes armés terroristes afin de pouvoir continuer à exploiter un site en Syrie. Les enquêteurs soupçonnent en outre le géant franco-suisse du ciment d'avoir produit de fausses pièces comptables.

«Soit on acceptait le racket, soit on partait», a fait valoir en guise de défense un responsable de Lafarge, anonymement cité par l'AFP. 

Nouveau rebondissement dans l'affaire le 13 octobre : représentés par l'ONG Sherpa, qui a mis en lumière le scandale de la collaboration du cimentier franco-suisse Lafarge avec l'Etat islamique en Syrie, des anciens employés de l'entreprise ont demandé que Laurent Fabius, alors en responsabilité, soit entendu par la justice afin de déterminer son éventuelle implication dans ce dossier. D'après France info, qui a révélé cette information, Sherpa souhaite aussi faire entendre deux anciens ambassadeurs de France en Syrie. 

Plusieurs responsables ont pointé la responsabilité de la diplomatie française dans le maintien du cimentier en Syrie après la prise de contrôle du territoire où se trouvait l'usine par l'Etat islamique. Lafarge aurait versé à l'organisation terroriste 20 000 euros par mois contre un laisser-passer pour ses camions.

Lire aussi : Le quai d’Orsay aurait encouragé Lafarge à rémunérer Daesh pour protéger son activité en Syrie

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