Khan Cheikoun : trop d'omissions dans le rapport de l'OIAC, estime le représentant russe
Instrumentalisé par les Occidentaux pour accabler le gouvernement syrien et justifier leurs frappes, le rapport de l'Organisation contre l'interdiction des armes chimiques continue de faire l'objet d'interrogations sur la rigueur de ses preuves.
N'en déplaise aux Etats-Unis et à leurs alliés, l'attribution de la responsabilité de l'incident chimique du 4 avril 2017, à Khan Cheikoun en Syrie, semble toujours aussi difficile à établir. Pour les Etats-Unis et leur alliés, le gouvernement syrien aurait gazé son propre peuple. Pour Damas et Moscou, l'aviation syrienne a visé un groupe de rebelles djihadistes, sans savoir que ces derniers avaient stocké des armes chimiques dans un entrepôt de cette localité de la province d'Idleb.
Interrogé par RT, Alexander Shulgin, représentant russe auprès de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), estime que le rapport rendu public le 30 juin 2017, ne satisfait pas les règles les plus élémentaires que l'on attendrait d'une banale enquête de police. «Il y a plusieurs omissions et lacunes dans le texte [du rapport]. Nous les avons fait remarquer et les experts ont dû admettre qu'il n'avaient pu mettre en place une filière de conservation et de transmission [des preuves]», a confié à RT Alexander Shulgin, jugeant qu'il s'agissait pourtant d'«une procédure basique destinée à relever les échantillons [et assurer leur authenticité]».
Et le spécialiste russe d'expliciter : «En d'autres termes, nous ne pouvons savoir exactement où les corps ont été retrouvés, où les preuves ont été collectées [et enfin] qui a été chargé de les conserver.» En outre, rappelle Alexander Shulgin, l'OIAC a refusé en avril dernier la proposition faite par la Russie d'envoyer sur le terrain une équipe composée d'experts internationaux.
#KhanCheikhoun : #Moscou veut envoyer des inspecteurs en #Syrie, #Washington réticent https://t.co/dFQf7s6FzQpic.twitter.com/Y3ZG6KuT63
— RT France (@RTenfrancais) 22 avril 2017
Les preuves, une question subsidiaire pour les Occidentaux ?
Depuis avril 2017, le feuilleton de Khan Cheikoun n'a toujours pas trouvé son dénouement. Dès les premiers jours suivant l'incident chimique qui a fait plus de 80 victimes, les Etats-Unis et leurs alliés, ainsi que les médias avaient immédiatement pointé la culpabilité du gouvernement de Bachar el-Assad. Plus de trois mois après, malgré l'absence de preuves, les Occidentaux continuent de marteler leurs accusations, se basant sur de simples présomptions.
La campagne de propagande sur «l'utilisation d'armes chimiques par Damas» est lancée, selon Moscouhttps://t.co/kCPLPoZSoxpic.twitter.com/8AzMTbjTYG
— RT France (@RTenfrancais) 3 juillet 2017
Le 29 juin dernier, Washington accusait encore une fois la Syrie de préparer des attaques chimiques contre ses propres civils. «La situation ressemble à une provocation massive sur l'échelle militaire et [à la fois] médiatique, qui vise non seulement les autorités syriennes mais aussi la Russie», avait alors regretté la porte-parole du ministères des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova.
De fait, quelques jours avant, Nikki Haley, représentante permanente des Etats-Unis auprès des Nations unies, avait clairement fait savoir que Washington se passerait à l'avenir de quelque preuve que ce soit en cas de nouvel incident chimique touchant des civils syriens. «Toute attaque contre le peuple syrien sera attribuée non seulement à [Bachar el-] Assad, mais aussi à la Russie et à l'Iran», avait-elle ainsi asséné le 26 juin dernier. Parole contre parole, Maria Zakharova avait déclaré que la Russie était de son côté en possession de données concrètes démontrant que la «mise en scène» d'attaques chimiques, dans le but de les attribuer ensuite à Damas, était en cours à Sarakab et Ariha, deux localités syriennes.