Lutte contre le terrorisme : la Russie menace de bloquer la messagerie cryptée Telegram
Dans une lettre ouverte, l’agence russe de régulation des médias demande à Telegram de lui faire parvenir les données des utilisateurs russes, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Un refus pourrait lui valoir une interdiction de territoire.
L'agence russe de régulation des médias et télécommunications, Roskomnadzor, a publié sur son site une lettre ouverte adressée au fondateur de Telegram (et ancien propriétaire du «Facebook russe» Vkontakte), Pavel Dourov, dans laquelle elle l'enjoint à fournir les données des utilisateurs russes de la messagerie cryptée aux autorités.
«En cas de refus de remplir ses obligations de diffuseur d'informations, Telegram devra être bloqué en Russie», a prévenu le régulateur.
Après l'attaque terroriste d'octobre 2015 qui avait coûté la vie à 225 passagers sur la liaison aérienne entre Charm-el-Cheikh et Saint-Pétersbourg, les autorités russes ont souhaité moderniser leur arsenal législatif de lutte contre la menace terroriste. Selon une nouvelle loi entrée en vigueur le 20 juillet 2016, tous les opérateurs téléphoniques sont contraints de stocker les messages, données et appels des utilisateurs pour une durée de six mois, afin de les transmettre aux autorités si ces dernières le demandent. Les prestataires de réseaux mobiles et les réseaux sociaux doivent aussi livrer aux services de sécurité l'accès à la correspondance des utilisateurs, ainsi que le décryptage de tout message à leur demande.
#Russie: @Snowden qualifie la nouvelle loi anti terroriste de "#BigBrother", la suite sur : https://t.co/36Av6zaFGmpic.twitter.com/cdXQgyJobg
— RT France (@RTenfrancais) 28 juin 2016
La messagerie cryptée Telegram permet d'échanger des messages écrits et vocaux, des photos et des vidéos, le tout de manière extrêmement sécurisée, ce qui lui a valu un succès très rapide. Pourtant, cette application est régulièrement accusée de servir de moyen de communication aux djihadistes de Daesh, et se trouve pour cela dans le collimateur des autorités de nombreux pays.
Outre la Russie, la France a exprimé sa volonté d'exercer une surveillance accrue sur les applications de ce type. Le 10 avril dernier, alors candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de cibler les services de messagerie sécurisée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
«Si je suis élu, la France lancera dès l’été une initiative majeure en direction des grands groupes de l’internet, pour qu’ils acceptent une procédure de réquisition légale de leurs services cryptés en matière de lutte contre le terrorisme», avait-il lancé.
Les acteurs de l’Internet, s’ils persistent dans leur position, devront assumer un jour d’avoir été complices d'attentats. #LutteTerrorismepic.twitter.com/otqG8LNIMR
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 10 avril 2017
De son côté, Pavel Dourov se déclare fidèle à ses principes. «Contrairement à d'autres services, nous avons toujours défendu la vie privée de nos utilisateurs et n'avons jamais passé aucun accord avec aucun gouvernement. Qu'ils nous bloquent autant qu'ils veulent. Nous ne changerons pas nos principes», a-t-il prévenu.
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