Dans la soirée du 29 avril, le président américain Donald Trump a téléphoné à son homologue philippin Rodrigo Duterte, l'invitant à se rendre à Washington pour une rencontre officielle.
Selon le communiqué de la Maison Blanche leur conversation a été «très amicale». Les deux dirigeants «ont discuté des préoccupations de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) dans le domaine de la sécurité régionale, en particulier de la menace que représente la Corée du Nord».
Donald Trump «a apprécié la conversation» qu'il a eue avec Rodrigo Duterte et se réjouit d'assister au sommet Etats-Unis-Asean et au sommet de l'Asie orientale qui se tiennent tous les deux aux Philippines en novembre, a fait savoir la présidence américaine.
Duterte n'est pas vraiment un grand admirateur des Etats-Unis
Visiblement, les rapports ont donc été cordiaux entre les deux chefs d'Etat lors de leur entretien téléphonique. Sera-ce le cas dans la vie réelle ? Difficile à dire. Car le locataire de la Maison Blanche doit bien le savoir : il n'a pas invité n'importe qui.
Elu président des Philippines en mai 2016, Rodrigo Duterte s'est imposé en quelques mois sur la scène internationale comme un président au charisme exubérant. Il est aujourd'hui connu non seulement pour la guerre sanglante qu'il mène contre les trafiquants de drogue, mais aussi pour son attitude provocatrice et son arrogance vis-à-vis des Etats-Unis, de l'ONU et de l'UE.
Donald Trump se rappelle-t-il de certains propos de son homologue ? Voici en tout cas quelques exemples notables du franc-parler de Rodrigo Duterte dont Donald Trump pourrait se souvenir pour préparer leur entrevue prochaine.
Fils de pute [Barack Obama], je vais te porter malheur
S'exprimant lors d'une conférence de presse aux Philippines en septembre 2016, avant son départ pour le Laos, le bouillonnant président philippin s'était emporté en évoquant les remarques que risquaient de lui faire le président américain de l'époque, Barack Obama, à propos des droits de l'homme, et notamment concernant les méthodes qu'il utilise pour lutter contre le trafic de drogue.
«Il faut être respectueux. Il ne faut pas se contenter de balancer des questions et des communiqués. Fils de pute, je vais te porter malheur dans ce forum», avait alors lancé le président philippin
Aux Etats-Unis nous n’avons pas d’ambassadeur. Personne n’ira là-bas
Le 5 février dernier, Rodrigo Duterte avait déjà fait savoir qu'il ne voyait pas l'intérêt à ce que les Philippines aient un ambassadeur à Washington. Depuis sept mois, les Philippines, pourtant alliés militaires des Etats-Unis, ne disposent d’aucun ambassadeur dans la capitale américaine, même si un adjoint continue d’assurer la représentation sur place.
L'ambassadeur américain, [...] ce fils de p*** gay
Il reprochait notamment à ce dernier de s’être «mêlé des élections [philippines] en faisant des déclarations ici et là». «Comme vous le savez, je me bats avec l’ambassadeur. Cet ambassadeur gay, ce fils de pute. Il m’a emmerdé», avait-il lancé dans une allocution à la télévision nationale.
Tu vas peut-être me renverser, mais je vais te casser le nez !
Le 30 décembre 2016, Duterte avait récidivé en adressant à ce même ambassadeur américain un message digne de préparatifs d'un combat de boxe. Réagissant à un article d'un journal philippin qui accusait l'ambassadeur américain de vouloir le renverser, Rodrigo Duterte a déclaré que la plupart des diplomates américains étaient des espions qui travaillent main dans la main avec la CIA. Et d'ajouter : «Tu vas peut-être me renverser, mais je vais te casser le nez».
Œil pour œil, [...] adieu l'Amérique !
C'est ainsi que le président de l'archipel avait réagi quelques jours plus tôt, le 18 décembre, à la décision du Millennium Challenge Corporation (MCC), un organisme gouvernemental américain d’aide aux pays en développement, de n'avoir pas retenu les Philippines dans un nouveau programme d'aide.
«Nous pouvons vivre sans l'argent américain. Mais tu sais, Amérique… sois prête à quitter les Philippines», avait-il également déclaré, assurant être prêt à interdire à Washington de déployer ses troupes sur son territoire.
Je brûlerai l’ONU !
Rebelote quelques jours plus tard, le 24 décembre. Après l'appel de l’ONU à enquêter sur Rodrigo Duterte, qui a admis avoir tué plusieurs criminels, ce dernier n’a pas été avare de menaces.
«Vous pouvez déposer une plainte devant les Nations unies, je brûlerai l’ONU si je viens aux Etats-Unis», avait déclaré le président philippin, cité par le journal britannique The Independent.
Bonus : Duterte chambre Trump en parodiant son accent
Le président philippin n'est décidément jamais à court d'idées ! Toujours au mois de décembre, il s'était directement moqué de Donald Trump, alors fraîchement élu à la Maison Blanche.
«Président Duterte, nous devons améliorer nos mauvaises relations. Je sais que tu t’inquiètes de tous ces Américains qui te critiquent. Tu fais du bon travail. Continue», avait déclaré le président philippin en rapportant les propos que lui aurait tenus Donald Trump lors d'une conversation téléphonique le 2 décembre, le tout en imitant la voix et l’accent de ce dernier.
«Quand tu arrives à Washington et New York, trouve-moi et nous prendrons un café. Peut-être, tu pourras me donner ton avis sur la façon de résoudre cette p***n de question de m***e», a raconté Rodrigo Duterte en se mettant dans la peau de son homologue américain.
Lire aussi : Evoquant sa conversation avec Donald Trump, Rodrigo Duterte le parodie (VIDEO)