La Turquie menace de «couper le souffle» de l'Europe en laissant passer 15 000 réfugiés par mois

La Turquie menace de «couper le souffle» de l'Europe en laissant passer 15 000 réfugiés par mois© Ozan Kose Source: AP
Des migrants sont ramenés en Turquie après avoir été interpellés alors qu'ils tentaient de rejoindre l'île grecque de Lesbos
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Ankara poursuit son bras de fer avec l'UE. Le ministre turc de l'Intérieur a défié l'UE en laissant entendre que la Turquie pourrait permettre à des milliers de migrants de traverser la Méditerranée pour se rendre en Europe.

«Je le dis à l'Europe, êtes-vous à la hauteur ? Si vous le voulez, nous pouvons ouvrir la voie aux 15 000 réfugiés que nous ne vous envoyons pas chaque mois et vous couper le souffle», a déclaré le 16 mars le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, cité par le journal turc Hurriyet

«Vous devez garder à l'esprit que vous ne pouvez pas vous livrer à des jeux dans la région sans tenir compte de la Turquie», a-t-il ajouté, mettant ainsi formellement en garde les pays-membres de l'UE.

Les propos du ministre sont venus s'ajouter aux menaces proférées ces derniers jours par les autorités turques de mettre fin unilatéralement au pacte migratoire conclu en mars 2016 avec l'Union européenne. Dans le cadre de cet accord, la Turquie s'était engagée à accepter le retour sur son sol de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis son territoire. En contrepartie de cet effort, la Turquie reçoit un financement européen qui devrait atteindre 6 milliards d'euros d'ici 2018.

Ce pacte migratoire controversé avait permis de freiner le flux migratoire vers l'Europe. Ainsi, alors que près de 200 000 migrants avaient rejoint les îles grecques entre décembre 2015 et fin février 2016, ils n’étaient que 3 500 sur la même période un an plus tard. 

Pas d'apaisement en vue entre les capitales européennes et Ankara 

Le ministre turc de l'Intérieur a violemment critiqué l'interdiction dans plusieurs pays européens de meetings en faveur du référendum sur l'extension des pouvoirs du président turc.

«La Constitution va-t-elle changer en Allemagne, aux Pays-Bas ? [...] Ce sont nos affaires intérieures. Qu'est ce que cela peut vous faire ? De quoi vous mêlez-vous ?», a-t-il déclaré, en accusant ces deux pays d'être impliqués dans les manifestations anti-Erdogan de juin 2013, les protestations pro-kurdes d'octobre 2014 et la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016. 

La Turquie et l'UE traversent une crise diplomatique après le refus de certains pays européens d'autoriser des responsables turcs à participer à des meetings pro-Erdogan aux côtés de la diaspora turque en Europe. Ces interdictions et restrictions ont été qualifiées par le président turc Recep Erdogan de «vestiges nazis, fascistes». Le chef d'Etat avait également menacé les Pays-Bas en ces termes : «[Ils] paieront le prix fort pour leur comportement indécent.»

En pleine campagne référendaire en faveur de la réforme constitutionnelle soumise à référendum le 16 avril prochain, le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan accorde une importance particulière au vote des millions de Turcs établis en Europe. C'est dans cette perspective qu'il a tenté de multiplier les interventions dans les pays européens. 

Lire aussi : La Turquie suspend ses relations au plus haut niveau avec les Pays-Bas

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